Pour aider les survivants à surmonter leurs souffrances, les équipes MSF ont fourni un soutien psychologique aux populations du delta de l'Irrawaddy, au cours des dix derniers mois.
Les souvenirs de l'événement terrifiant qui a coûté la vie à près de 140 000 personnes, le 2 mai 2008, hantent toujours les survivants. Au cours des semaines qui ont suivi la catastrophe, trois experts en soins psychiques de MSF ont évalué la situation sur le terrain.
Les rescapés fonctionnaient "en pilote automatique" pour assurer leurs besoins de base et souffraient de réactions caractéristiques comme des troubles du sommeil, des cauchemars et de l'anxiété, notamment en ce qui concerne leurs moyens d'existence futurs. De nombreuses personnes ont été traumatisées par l'événement et par la perte de proches.
« Ma famille et tout ce que j'avais ont disparu en une seule nuit. Je souffrais continuellement de maux de ventres et de tête. Je ne dormais plus, je n'avais plus d'appétit. Je n'avais plus aucun désir, ni de vivre, ni de travailler. Je rêve parfois de ma femme et de mes enfants disparus et alors je me lève, je fume et je bois de l'alcool», raconte un patient âgé de 27 ans, qui vit avec son fils, le seul de ses 5 enfants à avoir survécu.
Consultations en groupe et individuelles. D'août 2008 à mars 2009, les conseillers MSF ont fourni des consultations en groupe à près de 56 000 victimes de Nargis. Ce soutien aide à renforcer les capacités naturelles à surmonter un événement traumatisant. Les conseillers ont également organisé plus de 3 100 séances individuelles pour des personnes qui présentaient des symptômes traumatiques sévères ou qui ont demandé à partager leurs pensées et leurs sentiments avec quelqu'un.
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Après le cyclone, j'avais des rêves étranges à propos de mes enfants. Je rêvais qu'ils me demandaient de les suivre. J'avais l'impression d'être en enfer», explique une patiente âgée de 35 ans, qui a perdu 3 de ses 5 enfants.
A la cinquième rencontre individuelle avec le conseiller MSF, cette jeune femme dormait davantage et arrivait mieux à manger. Son rêve ne revenait plus et elle était rassurée pour ses enfants décédés, affirmant alors qu'ils "se trouvaient dans un endroit bien".
Formation de personnel local. Des programmes de formation pour des conseillers locaux ont été menés. Treize personnes ont pu rapidement commencer à travailler dans l'une des zones les plus touchées du delta, près de la ville de Setsan, à partir d'août 2008.
Des spécialistes MSF des soins psychiques ont également formé du personnel médical aux conséquences psychologiques d'une expérience traumatique, à la détection de la souffrance psychologique et à la gestion de base des cas.
« La principale difficulté était que nous venions travailler dans un pays où la santé mentale est un concept nouveau et il a fallu expliquer et clarifier ce que nous faisions véritablement. Un facteur majeur de notre formation à la psychologie et de notre approche générale de la santé mentale a été d'intégrer les ressources existantes (communauté et soutiens religieux) dans notre travail auprès des bénéficiaires », précise le Dr Sylvia Wamser, psychothérapeute et psychologue clinicien MSF qui a lancé et géré le projet de soins psychiques à Setsan.
Réactions potentielles à l'anniversaire. Fin 2008, les conseillers MSF ont remarqué que les principaux symptômes observés étaient le passage de réactions de stress post-traumatique à des symptômes d'anxiété. Cela peut être lié à l'inquiétude générale quant à la possibilité de futurs cyclones. Les équipes MSF ont récemment distribué des milliers de feuillets imprimés sur la préparation aux catastrophes et ont discuté de ces problèmes lors de séances d'éducation psychologique de groupe.