Des dizaines de milliers de Camerounais fuient les violences et se réfugient au Tchad

Entrée du centre de consultations MSF du village de Djazira, dans le sud de N’Djamena. Tchad. Décembre 2021.
Entrée du centre de consultations MSF du village de Djazira, dans le sud de N’Djamena. Tchad. Décembre 2021. © Nesly Saint Cyr/MSF

Depuis quelques semaines, et particulièrement ces derniers jours, des milliers de Camerounais traversent le Logone et le Chari, deux fleuves frontaliers, pour trouver refuge au Tchad. Près de 100 000 personnes, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, survivent sur une vingtaine de sites informels. Les équipes de MSF se mobilisent pour leur apporter des soins.

« Cette année, les premiers conflits intercommunautaires entre pêcheurs mousgoum et éleveurs arabes ont débuté en août. Pendant plusieurs semaines, nous avons organisé des cliniques mobiles pour apporter des soins de santé primaires à quelque 11 000 réfugiés. La situation s’est ensuite apaisée. Mais les violences ont repris de manière brutale et soudaine, comme le 8 décembre, à Kousseri, ville camerounaise frontalière avec N’Djamena, car les tensions autour des ressources agricoles, pastorales et halieutiques ne sont pas réglées. Quarante-trois personnes ont été blessées par arme blanche, par balles ou encore par flèche. Vingt-cinq d’entre elles ont dû être hospitalisées à N’Djamena, faute de soins adaptés à Kousseri », explique Jessie Gaffric, cheffe de mission MSF au Tchad.

Selon les dernières informations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 100 000 personnes auraient trouvé refuge au Tchad, réparties sur une cinquantaine de kilomètres le long des fleuves. D’après les premiers témoignages recueillis, certains villages auraient été brûlés au Cameroun, poussant les habitants à fuir. Tandis que la majorité des hommes restent sur place pour sauver leur bétail ou leurs cultures, les femmes traversent le fleuve avec leurs enfants et s’établissent là où elles le peuvent.

« Nous avons été surpris par l’ampleur du phénomène, précise Guillemette Thomas, coordinatrice médicale pour MSF. Une partie des personnes est hébergée directement au sein des villages, mais la majorité trouve refuge sous des arbres, sans aucun abri. Certains sites accueillent jusqu’à 10 000 réfugiés qui se retrouvent complètement démunis, sans accès aux ressources de base. D’autres acteurs et les pouvoirs publics sont aussi mobilisés, mais les besoins sont immenses. »

MSF a décidé d’intervenir sur le site de NGueli, au sud de N’Djamena, et apporte notamment des soins aux nombreuses femmes enceintes présentes. Depuis le lancement des activités le jeudi 16 décembre, une centaine de consultations sont réalisées chaque jour, en présence d’une sage-femme.  Plus au Sud, à une cinquantaine de kilomètres, dans la zone de Mandalia, une clinique mobile a été déployée dans les villages de Malfana et Ambague et un centre de consultation fixe a été mis en place à Djazira, où se trouvent actuellement près de 10 000 personnes. La majorité des pathologies prises en charge sont liées aux mauvaises conditions d’hygiène. Un nombre important de cas de paludisme, endémique dans la région, sont aussi soignés, la plupart chez les enfants de moins de cinq ans.

« La majorité de nos patients ont peur de retourner chez eux. En attendant la mise en place de structures d’accueil plus pérennes où ces personnes réfugiées pourront avoir accès aux services de base, nous allons poursuivre nos activités de soins et continuer d’explorer la zone pour s’assurer que des groupements de population ne soient pas oubliés », conclut Guillemette Thomas.

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