Comment la situation nutritionnelle évolue-t-elle au Niger ?
En 2006, plus de 400 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont
été admis dans différents centres nutritionnels au Niger, selon les
chiffres de l'UNICEF. Dans les 2 districts où nous travaillons, nous
estimons que 50% des enfants de moins de 3 ans sont tombés à un moment
ou un autre de l'année dans la malnutrition aiguë.
Je
ne pense donc pas qu'on puisse parler de "nette amélioration",
contrairement à ce qu'affirment les résultats préliminaires d'une
enquête nationale menée par le gouvernement du Niger, l'UNICEF et le
Programme Alimentaire Mondial (PAM).
En revanche, c'est vrai que
la mobilisation des différents acteurs autour de la malnutrition a
progressé. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les
enfants souffrant de malnutrition aiguë ont eu accès à des centres de
traitement. Cependant, nous pouvons encore sérieusement nous poser la
question de l'impact de ces interventions, au niveau national.
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Etendre l'utilisation des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi
MSF utilise ces RUTF (ready-to-use therapeutic food) pour soigner les
enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère et modérée. Hors
du programme de MSF, les cas de malnutrition aiguë modérée sont pris en
charge avec des farines enrichies, nettement moins efficaces.
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La prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aiguë est-elle satisfaisante ?
Aujourd'hui, les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont
traités avec des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (ready-to-use
therapeutic food, RUTF) comme le Plumpy'nut. Mais, hors du programme de
MSF, ceux souffrant de malnutrition aiguë modérée sont pris en charge
avec des farines enrichies, nettement moins efficaces. Or c'est dans ce
groupe que survient le nombre le plus important de décès.
En
2006, MSF a pris en charge les cas de malnutrition aiguë modérée et de
malnutrition aiguë sévère de la même manière, avec des RUTF. Les
enfants sans complication médicale étaient admis dans notre programme
ambulatoire, avec un rendez-vous de suivi hebdomadaire, seuls les cas
les plus graves étaient hospitalisés dans nos centres nutritionnels.
Cette
expérience montre qu'utiliser les produits thérapeutiques prêts à
l'emploi permet de soigner efficacement la malnutrition aiguë modérée
et de réduire le nombre de cas sévères. Dans le district où nous
travaillons, pour la première fois depuis 6 ans, nous n'avons pas
assisté à un pic de malnutrition sévère pendant la période de soudure.
Au contraire, tout au long de l'année, la malnutrition sévère a baissé.
Jusqu'à présent, aucun autre acteur n'a pu mettre en évidence de tels
résultats.
Quelle est la stratégie opérationnelle de MSF au Niger en 2007 ?
Notre objectif reste d'améliorer notre réponse à la malnutrition aiguë
globale, mais nous changeons de méthode pour tenter de renforcer
l'impact de notre intervention. Dans le district de Guidam Roumdji, la
grande majorité des enfants perd du poids et une proportion élevée
atteint le stade de malnutrition modérée pendant la période de soudure.
Une fois par mois pendant cette période, nous allons donc distribuer
pour tous les enfants de moins de 3 ans (soit 50.000 enfants) des pots
de Plumpy'doz, une pâte de lait et d'arachide enrichie en vitamines et
minéraux. Ce produit ressemble beaucoup au Plumpy'nut mais la
composition en vitamines et micronutriments a été adaptée.
Par
la distribution, nous donnons à la maman la capacité de nourrir son
enfant avec une alimentation correcte, adaptée à leurs besoins
nutritionnels spécifiques. Nous avons déjà vu, en 2005 et en 2006, que
confier aux mères la responsabilité du traitement de la malnutrition
aiguë non compliquée donne de bons résultats. Et ce n'est que lorsque
l'enfant est malade ou malnutris sévère que nous l'hospitalisons.
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Centre d'hospitalisation de MSF à Maradi
Avec la nouvelle stratégie mise en oeuvre par MSF en 2006, seuls sont
hospitalisés les enfants malnutris avec des complications médicales.
Les autres, qu'ils souffrent de malnutrition aiguë sévère ou modérée,
sont pris en charge en ambulatoire, avec un rendez-vous de suivi par
semaine.
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Parallèlement aux distributions, en collaboration avec le ministère de
la Santé, nous effectuons des consultations dans 5 centres de santé du
district pour tous les enfants malades et menons un programme
ambulatoire de prise en charge de la malnutrition sévère. A travers ces
consultations, nous pourrons donc suivre l'évolution de la situation
nutritionnelle et repérer les enfants ayant besoin d'être hospitalisés,
dans les hôpitaux gouvernementaux ou dans la structure de MSF pour les
enfants malnutris ayant une complication médicale sévère.
Quelles perspectives pour ce type de programme ?
En 2007, nous espérons obtenir d'aussi bons résultats qu'en 2006 (peu
de malnutrition sévère) tout en développant un programme plus facile à
gérer. C'est un pari ! Une distribution pour 50 000 enfants n'est pas
évidente ! Nous misons sur l'efficacité du produit nous autorisant à
distribuer des quantités moins importantes. De plus, nous comptons
beaucoup sur l'expertise des autorités nigériennes en matière de
distributions.
Dans
une seconde étape, nous espérons que cette distribution sera reprise
par le PAM et le gouvernement. Et là, le problème est double. D'une
part, il faut que ces acteurs de la lutte contre la malnutrition
manifestent leur volonté politique. D'autre part, le coût du produit
nutritionnel prêt à l'emploi reste élevé, entre deux et trois euros le
kilo. Nous explorons différentes pistes pour en faire baisser le prix,
notamment en le faisant produire localement...