Plus de 9 500 enfants souffrant de malnutrition sévère ont reçu un traitement médico-nutritionnel adapté dans près d'une cinquantaine de centres nutritionnels MSF dans les régions Oromo et SNNP, au sud de l'Ethiopie.
Des efforts considérables sont déployés pour augmenter rapidement les capacités de soins, face au nombre alarmant d'enfants dénutris. « Un centre nutritionnel où les enfants ont besoin d'être hospitalisés peut accueillir environ 150 patients et, au début, nous en recevions plus de 200 à Kuyera », explique Jean de Cambry, coordinateur d'urgence MSF.
Dans certaines zones du district de Kambata, dans la région des Peuples du Sud (SNNP) environ 9% de nos patients dénutris sont âgés de plus de 14 ans, ce qui est très inquiétant. Selon des estimations basées sur les chiffres officiels de population et les admissions dans les centres nutritionnels MSF, de 1 à 10% des enfants de moins de cinq ans ont eu des symptômes de dénutrition sévère.
"Je ne pense pas que la situation va s'améliorer prochainement, puisque les prochaines récoltes ne seront pas avant deux ou trois mois" s'inquiète Jean de Cambry.
"Par conséquent, dans ces zones où le nombre d'enfants sévèrement dénutris est aussi important, il faut rapidement mettre en place des centres nutritionnels délivrant des soins médicaux et des produits nutritionnels thérapeutiques ainsi que des mesures de prévention telles que des distributions de nourriture."
"La plupart des habitants vivent de ce qu'ils cultivent, or, dans de nombreux endroits, les pluies ont été tardives et insuffisantes cette année. Ceci,s'ajoute à une forte inflation, l'augmentation des prix des aliments, des sources de revenu diminuées et plusieurs autres facteurs qui ont rendu la situation impossible pour un grand nombre de personnes."
Les équipes MSF ont ouvert cinq hôpitaux nutritionnels pour soigner ceux qui cumulent la malnutrition aiguë et une autre maladie, comme un paludisme ou une pneumonie. 320 malades y reçoivent actuellement des soins médicaux et plus de mille enfants ont pu en sortir pour continuer le traitement médico-nutritionnel chez eux, avec une visite médicale hebdomadaire.
Les équipes médicales parviennent donc à sauver la très large majorité d'entre eux même si le risque de décès d'un enfant sévèrement malnutri est très élevé (jusqu'à vingt fois supérieur à celui d'un enfant bien portant). Malheureusement, 96 décès n'ont pu être évités.
"Il faut rapidement des centres nutritionnels délivrant des soins médicaux et des produits nutritionnels thérapeutiques et aussi des mesures de prévention telles que des distributions de nourriture", demande Jean de Cambry, coordinateur d'urgence MSF.
La priorité est de soigner tous les enfants les plus sévèrement malnutris mais la prochaine étape consiste à donner un traitement nutritionnel à tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë. « Dans les zones où nous travaillons, de nombreux enfants qui ne sont pas au stade le plus sévère de la malnutrition aiguë sont aussi en danger et ont un besoin urgent d'aide alimentaire » constate Jean de Cambry. De plus, les équipes dans les régions Oromo et SNNP poursuivent l'évaluation des besoins dans d'autres zones et des centres nutritionnels supplémentaires seront mis en place si nécessaire.
MSF est également présente dans plusieurs autres régions d'Ethiopie. Dans la région Somali, les programmes MSF se poursuivent à Cherrati, Deghabur et Wardher.
A Fiiq, la section suisse de MSF a pris la décision de cesser ses activités. Un projet d'assistance à la population avait débuté en décembre 2007, dans une région où un conflit interne oppose les autorités éthiopiennes aux mouvements indépendantistes. Une évaluation précise de la situation médicale et nutritionnelle de la population est primordiale alors que les restrictions de mouvements réduisent l'accès des populations civiles à la santé et à l'aide alimentaire.
Malgré les accords signés avec les autorités, les personnels expatriés de MSF n'ont pu s'y rendre que pour une période limitée. De plus, plusieurs membres du personnel de MSF Suisse ont été arrêtés, sans accusations ni raisons précises, puis libérés. Depuis décembre 2007, les équipes médicales n'ont pu soigner que 677 patients dans la zone rurale de Fiiq. Un rapide dépistage sur 206 enfants de moins de 5 ans a donné une indication inquiétante : plus d'une vingtaine d'entre eux souffraient de malnutrition sévère.