Être médecin dans Alep assiégée, en Syrie : « nous ne pouvons pas partir et abandonner la population »

L'hôpital Al Daqaq à Alep après avoir été bombardé en août 2016.
L'hôpital Al Daqaq, à Alep, après avoir été bombardé, en août 2016. © MSF

La semaine dernière, l’hôpital Al Zahraa a été endommagé par un raid aérien sur la zone assiégée d’Alep, à l’est de la ville, où 250 000 personnes sont prises au piège. Ici, la situation devient chaque jour de plus en plus insoutenable. Le bombardement n’a pas causé de victimes, mais la destruction des fenêtres, des portes et du générateur électrique de la structure médicale a forcé l’arrêt des activités.

« Nous subissons des attaques presque tous les jours. Toutes les structures médicales de la ville ont été endommagées », explique Mustafa Karaman, kinésithérapeute et volontaire dans un hôpital soutenu par MSF touché par un bombardement au mois d’août. « Dans la ville, la vie est pratiquement devenue impossible. »

Depuis mi-juillet, les huit hôpitaux encore fonctionnels dans l’est d’Alep ont tous été endommagés au moins une fois par des bombardements et des tirs d’obus ; quatre l’ont été à plusieurs reprises. L’incident du mardi 6 septembre porte à 13 le total des attaques. Certains hôpitaux sont désormais entièrement hors service et ont dû déménager.

Le défi de l’approvisionnement en temps de siège

Depuis la reprise des affrontements à Alep en juillet, la partie est de la ville, contrôlée par l’opposition, est encerclée par des forces gouvernementales et se retrouve coupée des voies d’approvisionnement.

250 000 personnes tentent ainsi de survivre. « Les habitants de l’est d’Alep sont piégés, sans biens de première nécessité et à la merci des bombardements permanents. En plus, l’eau et l’électricité se font rares », rapporte Mustafa.

Malgré ces conditions, MSF a récemment pu envoyer une cargaison de matériel aux huit hôpitaux toujours fonctionnels dans l’est. Depuis 2014, MSF procure des médicaments et des fournitures à toutes les structures médicales de cette partie de la ville.

Une douzaine de docteurs et chirurgiens pour 250 000 personnes

Dans les environs de l’est d’Alep, il ne reste qu’une douzaine de docteurs et de chirurgiens pour des centaines de milliers de personnes dans une situation désespérée. Pour le personnel médical restant, la pression est accrue et l’avenir incertain compte tenu des limitations de l’approvisionnement, de l’espace restreint et de l’impossibilité de référer les patients au-delà des lignes du siège.

« Nous faisons ce que nous pouvons et utilisons le peu de matériel médical que nous avons sur place pour administrer des soins aux personnes piégées dans la ville, poursuit Mustafa. En tant que soignants, nous ne pouvons par partir et abandonner la population. Nous connaissons ces gens, ils sont nos proches, nos voisins, nous devons les soigner. »

L’hôpital dans lequel travaille Mustafa a été touché par un bombardement le 14 août. « Certains hôpitaux ont dû fermer. Celui où je travaille est resté ouvert malgré les dégâts. Nous devions continuer notre travail pendant les travaux de réhabilitation, car il était impossible de s’arrêter, ne serait-ce qu’une journée. »

Les équipes de cet hôpital admettent jusqu’à 100 patients par jour et effectuent parfois 30 opérations chirurgicales au cours d’une seule journée. « La notion d’heures de travail n’existe pas ici, nous devons être disponibles 24 h/24 », explique Mustafa.

 
MSF gère six structures médicales dans le nord de la Syrie et soutient plus de 150 centres médicaux et hôpitaux à travers le pays, la plupart dans des zones assiégées.

Mustafa Karaman
 

Mustafa Karaman, kinésithérapeute et volontaire dans un hôpital soutenu par MSF touché par un bombardement au mois d’août.

 

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Notes

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