Gaza : « Je me demande sans cesse comment mes enfants et moi allons mourir »

Destructions dans le nord de Gaza après des bombardements.
Destructions dans le nord de Gaza après des bombardements. © MSF

Depuis le 6 octobre 2024, le gouvernorat de Gaza-Nord est la cible d’attaques incessantes et de bombardements massifs de la part de l’armée israélienne, dans l’une des offensives les plus violentes et destructrices depuis le début de la guerre à Gaza. Hayder, chauffeur pour Médecins Sans Frontières (MSF), et plusieurs membres de sa famille sont pris au piège des combats dans le district de Beit Lahya. Voici son témoignage. 

« Je suis actuellement à Beit Lahya, dans les blocs autour de l’hôpital Kamal Adwan, où je me suis réfugié avec dix membres de ma famille, dont mes fils et mes petits-enfants. On est là depuis le 5 novembre. Avant ça, nous étions réfugiés à l’hôpital Al-Yemen Al-Saeed, jusqu’à ce que l’armée israélienne nous ordonne d’évacuer. C’est comme ça qu’on est arrivés ici.

Ma femme souffre de polyarthrite rhumatoïde, elle est incapable de se déplacer. Elle a besoin d'une opération pour les articulations de ses jambes et de ses mains. Avant la guerre, nous avions obtenu une autorisation pour qu'elle puisse se faire soigner en Égypte ou en Cisjordanie. Aujourd'hui, elle souffre énormément et nous n'avons aucune solution. Je n'ai même pas de fauteuil roulant pour l'aider à se déplacer.

Nous avons essayé de fuir Beit Lahya, mais ma femme avait beaucoup de mal à marcher, ce qui rendait la situation extrêmement difficile. En chemin, nous avons croisé des personnes qui faisaient demi-tour et retournaient à Beit Lahya. Elles nous ont dit que les soldats israéliens au point de contrôle bloquaient le passage. Nous avons alors décidé de rebrousser chemin.

Les bombardements sont incessants. On entend des explosions et des frappes aériennes nuit et jour. Parfois il y en a moins, parfois il y en a plus. Il n’y a aucun endroit sûr.

J’essaie de rester fort devant ma famille et mes enfants, mais au fond de moi, je suis terrifié. La peur est là, elle est bien réelle. Je m’attends à mourir à chaque instant. Je me demande sans cesse comment mes enfants et moi allons mourir. Je n’ai pas la réponse. »

Notes

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