Gaza : le combat des mères pour faire soigner leurs enfants

 Suad a récemment accouché à l'hôpital Nasser, dans le sud de Gaza.
  A l'hôpital Nasser, dans le sud de Gaza, Suad a récemment donné naissance à son enfant © Mariam Abu Dagga/MSF

De juin à octobre 2024, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont pris en charge plus de 10 800 enfants âgés de moins de cinq ans aux urgences de l'hôpital Nasser, à Khan Younès, pour des infections des voies respiratoires supérieures, dont 168 nouveau-nés de moins d’un mois. La maternité de l’hôpital Nasser est l’une des dernières encore fonctionnelles du sud de la bande de Gaza.

« Mon fils tousse tout le temps, raconte Yasmine, une mère dont le fils est soigné à l'hôpital Nasser. Je passe la plupart de mon temps à l'hôpital. Il ne rit pas, ne joue pas, ne boit pas de lait. Il dort tout le temps. »

À Gaza, pour faire soigner leurs enfants, les mères comme Yasmine doivent parcourir de longues distances, sur des routes dangereuses et poussiéreuses, à pied ou en charrette. Ces déplacements exposent les enfants et les nouveau-nés aux risques de bombardements tandis que les retards dans leur prise en charge peuvent entraîner des complications médicales.

Confrontées à des conditions de vie délétères et extrêmement précaires, au manque de nourriture et de produits d’hygiène, et soumises à un stress constant, un nombre important de femmes enceintes donnent naissance à des bébés prématurés, ce qui augmente le risque de complications post-partum. Lorsqu’elles réussissent finalement à atteindre un établissement de santé encore fonctionnel, elles doivent la plupart du temps faire face aux pénuries de médicaments et de fournitures médicales. En cause, les innombrables obstacles physiques et bureaucratiques imposés par Israël pour limiter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

« Plus d'un an s'est écoulé depuis le début de la guerre et tout le monde a été durement touché, en particulier les enfants en phase de croissance, explique le Dr Abu Tayyem. C’est dû à un manque d'aliments riches en nutriments, avec un impact sur la santé et l’immunité des nouveau-nés et des enfants, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies infectieuses. »

De juin à octobre 2024, près de 1 300 enfants âgés de un à cinq ans ont été admis à l’hôpital Nasser pour une infection des voies respiratoires inférieures, dont environ 460 souffraient de pneumonie. Les équipes de MSF soutiennent le département pédiatrique de l'hôpital Nasser, y compris les urgences et les unités de soins intensifs pédiatriques et pour nouveau-nés. Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), seuls 17 des 36 hôpitaux que compte la bande de Gaza sont encore partiellement fonctionnels.

Affronter l’hiver sous une tente

« Je n'ai pas de vêtements d’hiver pour mon fils, je lui mets un sac en plastique pour le couvrir, poursuit Yasmine. Je n'ai pas non plus de couches pour lui, mes enfants vivent sous une tente, ils ne peuvent même pas dormir dans un lit. »

Dans la zone désignée comme « humanitaire » par l’armée israélienne, et pourtant régulièrement bombardée par cette dernière au mépris de la vie de milliers de civils, les familles s’entassent dans des tentes ou sous des bâches en plastique, avec un accès extrêmement réduit à l'eau potable, à la nourriture, à l'assainissement ou encore aux produits d'hygiène comme le savon. L’arrivée de l’hiver augmente les risques de maladies telles que les infections cutanées et respiratoires, les diarrhées aiguës et les infections virales, en particulier chez les nouveau-nés et les enfants.

Après plus d'un an de guerre à Gaza, les activités médicales de MSF en matière de soins pédiatriques, néonatals et obstétriques couvrent une infime partie des besoins massifs de la population de Gaza. Seul un cessez-le-feu immédiat et permanent peut mettre fin aux atrocités commises contre les civils et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. 

Notes

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