Après deux semaines de siège total début octobre, Israël a autorisé l’entrée de quelques camions humanitaires dans le nord de Gaza. Cela est dérisoire par rapport à la quantité d’aide qui serait nécessaire.
Début octobre, les forces israéliennes ont assiégé les trois principaux hôpitaux de la zone, l’hôpital indonésien, Al-Awda et Kamal-Adwan, où se trouvaient des centaines de patients. Le 19 octobre, un médecin de MSF, qui s’était réfugié dans l’hôpital Kamal-Adwan, décrivait la situation désastreuse dans la structure assiégée, débordée de patients et manquant de matériel médical. Entre le 25 et le 28 octobre, puis début novembre, l’hôpital a été attaqué par les forces israéliennes, qui ont également arrêté et détenu des dizaines de travailleurs médicaux, dont le docteur Mohammed Obeid, l’un de nos collègues.
Les structures médicales, gravement endommagées ou mises hors service, ne peuvent plus prendre en charge les blessés, qui sont donc condamnés à mort.
Depuis mi-octobre, le nombre de consultations effectuées chaque semaine dans notre clinique dans la ville de Gaza a plus que doublé, à cause de l’arrivée des personnes déplacées depuis le nord de Gaza.
Les attaques actuelles dans le nord de Gaza, particulièrement brutales, sont la suite logique de la stratégie adoptée jusqu’à présent par l’armée israélienne. Depuis le début de l’offensive menée en réponse aux massacres du Hamas le 7 octobre 2023, nous avons assisté à une campagne de bombardements aveugles, accompagnée d’ordres d’évacuation fondés sur le mensonge de l’existence de « zones sûres ».
Se faire tuer en cherchant à fuir, ou mourir assiégé à domicile : voici l’impossible choix offert par Israël à la population de Gaza. L’espoir d’atteindre une destination sûre hors de l’enclave est également interdit, tous les points de passage permettant la sortie de Gaza étant fermés depuis le mois de mai. Nous avons exigé à de multiples reprises la réouverture de ces points de passage, et notamment de celui de Rafah, accompagnée de garanties sur le droit au retour de la population.
Le plan Eiland terrorise la population. Il s’agit d’un plan militaire qui consisterait à éliminer les Palestiniens de la partie nord de Gaza, en les forçant à partir, en les tuant ou en affamant ceux qui restent. La manière dont est menée l’offensive en cours dans le Nord et le langage déshumanisant que les autorités israéliennes emploient à l’égard des Palestiniens renforcent l’idée que nous assistons à l’exécution de ce plan.