Pourquoi avoir ouvert un programme pour les enfants ?
Depuis quelques mois la situation sanitaire dans la bande de Gaza se détériore de manière continue. Les hôpitaux sont débordés et n'arrivent plus à assurer les consultations de suivi des enfants, notamment après leur hospitalisation.
La population gazaouïte est de plus en plus pauvre et l'accès aux soins très compromis. Suite à une mission exploratoire en octobre 2007, nous avons identifié de réels besoins concernant la prise en charge médicale des enfants. Ces besoins ont justifié la mise en place de cette nouvelle activité, le 26 mars dernier.
La clinique pédiatrique permet à des enfants de bénéficier d’une prise en charge et de soins gratuits. L’offre de soins que nous proposons comprend consultations médicales et délivrance du traitement prescrit. Nous avons mis en place un système de référence entre un hôpital local et notre clinique. Dans un futur proche, ce système de référence devrait s'élargir à d'autres hôpitaux du nord de la bande de Gaza.
Qui sont nos patients ? De quoi souffrent ils ?
Dans la bande de Gaza, la prise en charge (dans les structures gouvernementales), est gratuite pour les hospitalisations, mais payante pour les consultations de suivi dans les centres de santé. Nos patients sont des enfants de moins de 12 ans, privés d’accès aux soins pour des raisons financières, mais aussi sécuritaires.
Les principales pathologies que nous rencontrons sont des infections respiratoires et différents types de diarrhées. Car, du fait du manque de chlore, de la mauvaise qualité de l'eau et de l’impossibilité de traiter correctement les déchets, l'hygiène pose problème. Nous n'avons pas eu de cas de malnutrition aiguë, mais beaucoup d'enfants présentent des carences en vitamines A et D, ou bien sont anémiques.
Avez vous rencontré des difficultés ?
Lors de l'ouverture, nous n'avons pas rencontré de problème majeur, le personnel de santé étant très motivé et demandeur de soutien aux structures locales. Par contre il y a des risques permanents du point de vue de la sécurité, surtout dans la nord de la bande de Gaza, zone particulièrement tendue.
Ce qui pourrait aussi mettre notre action en péril, ainsi que les autres programmes menés par MSF à Gaza, c'est le manque de carburant. Ces dernières semaines, l'approvisionnement a été totalement coupé et tout le monde fonctionne sur ses réserves, ce qui fragilise encore plus le système de santé local.
Te souviens-tu d’un patient en particulier ?
Oui, Ahmed, un enfant de 10 ans, opéré en Egypte il y a quelques mois. Suite à une pathologie respiratoire grave, on a dû lui enlever un poumon. De retour à Gaza, il souffre de complications respiratoires récurrentes. Il nous a été référé après une hospitalisation, pour que nous prenions en charge son suivi.
Lors de son second rendez vous, nous avons dû à nouveau l’envoyer à l'hôpital en urgence car il était en détresse respiratoire. Il faudrait à Ahmed des séances de kinésithérapie respiratoire régulières, pour lui permettre de vivre avec son unique poumon.