Katia, 29 ans
« Les enfants détalent en me voyant dans la rue. Ils sont effrayés. À cause de mon visage. Moi, j’ai peur pour eux ; qu’ils se fassent écraser par une voiture en s’enfuyant. Maintenant, je me cache pour sortir. Depuis l’accident, mon visage est déformé. J’allais prendre un bol dans la cuisine quand j’ai perdu connaissance. C’est la première fois que ça m’arrivait. Je suis tombée dans une casserole d’eau bouillante. Mon cou est resté accroché au réchaud. Mon cousin est venu, alerté par l’épouvantable odeur de brûlé. Il m’a dégagée et conduite à l’hôpital.
Mon séjour à Drouillard était plus long que je ne m’y attendais. Trois mois. Je pensais constamment à mes activités habituelles, à la maison. Mes cousines me rendaient souvent visite, pour me réconforter. Après être sortie, j’ai dû continuer à me rendre à l’hôpital pour le suivi thérapeutique. À ce moment-là, j’ai commencé à souffrir. Par manque d’argent, j’ai raté plusieurs séances de physiothérapie, ce qui n’arrange pas mes cicatrices. Mon beau visage n’est plus qu’un souvenir.
Déjà presqu’un an de traitement, mais je dois continuer le suivi. Je suis découragée. Malgré les interventions de chirurgie esthétique, mon apparence ne s’améliore guère. Dans la boutique familiale, on ne veut plus de moi ; sous prétexte de m’éviter les microbes ou de ne pas m’exposer au soleil. Je comprends leur petit jeu. Ils ne veulent pas qu’on me voit. Il ne faut surtout pas faire fuir les clients. »