En raison d’un renforcement récent de l’application des contrôles à la frontière par la police et les forces spéciales de Macédoine, plus de 2000 personnes voyageant vers l’Europe du nord se sont retrouvées bloquées à Idomeni, et certains tentent désormais de traverser la frontière à d’autres endroits. La plupart des gens rencontrés par les équipes médicales de MSF fuient la guerre et la violence en Syrie, en Afghanistan et en Irak, et certains sont considérés comme particulièrement vulnérables. C’est le cas des personnes âgées ou handicapées, des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans. Beaucoup vivent dans des conditions sordides, dans la brousse ou à la gare ferroviaire, sans abri, nourriture ou accès à des installations sanitaires.
« La situation va s’aggraver si plus de gens sont coincés dans cette zone, il n’y a aucune installation et les gens sont inquiets de ce qui va leur arriver. Beaucoup sont forcés de prendre des risques pour éviter d’être repérés et malheureusement il y a eu plusieurs accidents dans lesquels des gens ont perdu la vie. C’est absurde que les gens qui fuient la guerre et la violence soient forcés de risquer leur vie pour finalement vivre en sécurité dans des pays qui ont la capacité de leur offrir une protection », dit Antonis Rigas, coordinateur du projet MSF à Idomeni.
Les équipes mobiles de MSF sont dans la région cinq jours par semaine et offrent des consultations médicales et psychologiques. Elles distribuent également des articles de première nécessité comme des couvertures, des barres énergétiques et du savon. Cette dernière semaine, MSF a délivré environ 85 consultations par jour. Nos équipes ont également installé deux points d’eau.
En Grèce, près d'Idomeni, MSF a mis en place des cliniques mobiles pour venir en aide aux migrants et aux réfugiés. © Alessandro Penso
La majorité des problèmes médicaux sont des infections des voies respiratoires, des infections de la peau, des douleurs musculaires et des maladies gastro-intestinales, qui peuvent être liées aux conditions de vie durant leur voyage. Bon nombre de patients souffrent de cloques graves et de douleurs musculaires dues au fait d’avoir marché plus de 70km depuis la ville de Thessalonique, puisqu’on leur refuse l’accès aux transports public et privé dans la zone frontalière.
« Beaucoup de gens ont vécu des événements traumatisants dans leur pays d’origine et ont dû entreprendre un voyage épuisant et dangereux, explique le psychologue de MSF Aggela Boletsi. En plus de cela, les gens sont maintenant repoussés par les agents frontaliers, qui leur crient dessus, les policiers tirent en l’air pour maintenir les gens à distance et nous avons même traité les blessures de gens qui affirment avoir été battus par les agents frontaliers. Naturellement, beaucoup de gens sont effrayés quand ils sont confrontés à une telle approche musclée ».
Pour répondre à l’augmentation du nombre de personnes ayant besoin de soins médicaux et de soutien, MSF va intensifier ses activités en lançant une seconde équipe mobile durant le mois de juillet, qui permettra une présence continue, 7 jours sur 7, dans la région d’Idomeni.
Aggela, psychologue, et Mohammed, traducteur, distribuent des articles de premières nécessité aux migrants. © Alessandro Penso
MSF a lancé un projet dans la région des Balkans à la fin de l’année 2014 avec pour objectif d’offrir de l’assistance aux migrants et aux réfugiés qui arrivent de Turquie et traversent les Balkans en espérant atteindre l’Europe de l’Ouest. Actuellement, deux équipes en Serbie et trois équipes en Grèce offrent des soins médicaux et psychologiques, et distribuent des articles de première nécessité. Les équipes sont basées aux points d’arrivée dans les îles grecques et le long des frontières entre la Grèce et la Macédoine, la Macédoine et la Serbie, et la Serbie et la Hongrie.