Nous n’avons reçu aucune réponse d’Israël à une demande adressée il y a des mois pour expédier des équipements fonctionnant à l’énergie solaire, notamment des systèmes électriques pour les installations médicales, des pompes à eau et des systèmes de dessalement de l’eau. Des livraisons de systèmes de télécommunications par satellite et de véhicules MSF – essentiels pour assurer la sécurité de nos équipes et leur permettre de se rendre là où elles sont nécessaires – ont également été refusées, restreintes ou sérieusement retardées.
Les autorités israéliennes ont affirmé le 3 mars qu'« il n'y a aucune limite à la quantité d'aide humanitaire qui peut entrer dans la bande de Gaza ». Cette affirmation se heurte pourtant à la réalité. Le 26 janvier, puis le 28 mars, la Cour internationale de Justice a appelé Israël à prendre « toutes les mesures nécessaires et efficaces » pour garantir urgemment et sans entrave la livraison « de l'aide humanitaire, comprenant notamment l'eau, l'électricité, le carburant et le matériel médical. »
Il n’y a ni clarté ni cohérence quant à ce qui est autorisé à entrer à Gaza. Parfois, les organisations humanitaires peuvent acheminer certains équipements, parfois non. Parfois, une livraison est rejetée en bloc à cause d'un seul élément, sans que les raisons nous soient communiquées, ce qui nous empêche de prendre les dispositions nécessaires pour que les prochaines soient approuvées.
Jusqu’à présent, MSF a réussi à acheminer six cargaisons de 120 mètres cubes vers Gaza, transportées dans 53 camions. Nous aurions pu en apporter beaucoup plus, mais nous en avons été empêchés par le processus imposé par les autorités israéliennes.
Avant la guerre, environ 500 camions de marchandises entraient chaque jour à Gaza. En février 2024, c'était moins de 100 camions par jour.
Les pénuries de produits essentiels qui touchent la bande de Gaza sont aggravées par le fait que, jusqu’à aujourd’hui, seuls deux postes frontaliers étaient ouverts : Rafah et Kerem Shalom, tous deux dans le sud de Gaza. Autre conséquence, l’aide qui parvient à rentrer est rarement acheminée jusque dans le nord de l'enclave, à cause du danger et des nombreux points de contrôle de l’armée israélienne.