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Gaza : un rapport de MSF dénonce la campagne
de destruction totale menée par Israël

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Guerre à Gaza : soutenir les professionnels de santé travaillant dans la peur et le stress permanents

Vue d'une salle d'hospitalisation de l'hôpital indonésien de Rafah avec un membre des équipes MSF et une patiente victime d'une explosion. 
Vue d'une salle d'hospitalisation de l'hôpital indonésien de Rafah avec un membre des équipes MSF et une patiente victime d'une explosion.  © MSF

Plus de six mois après le début de l’offensive israélienne, qui a fait suite à l’attaque et aux massacres du Hamas, on compte plus de 34 000 morts dans la bande de Gaza, parmi lesquels 499 travailleurs de santé, dont 5 membres des équipes MSF. De nombreux hôpitaux ont été bombardés et ne sont plus fonctionnels et dans ceux qui fonctionnent encore, le personnel de santé doit faire face à des conditions de travail extrêmement stressantes.

« En raison des bombardements de l’armée israélienne, de nombreux professionnels de santé de la bande de Gaza se sont retrouvés dans une situation impensable : devoir abandonner leurs patients pour sauver leur propre vie, explique Audrey McMahon, psychiatre MSF de retour de l’enclave palestinienne. Beaucoup d’entre eux partagent un sentiment d’impuissance et de culpabilité. Pour d’autres, la culpabilité vient du fait d’avoir fait le choix de rester certains jours auprès de leur famille, pour les protéger, plutôt que d’aller à l’hôpital pour soigner les patients. » 

Quelque 300 membres du personnel palestinien de MSF sont présents à Gaza. Comme de nombreux professionnels de santé, depuis le début de la guerre, ils vivent dans une peur et un stress permanents. Certains ont été confrontés à des situations médicales marquantes, notamment lors d’afflux massifs de blessés à la suite de bombardements. D’autres ont dû procéder à des amputations sans anesthésiant adéquat, dans un contexte de pénurie de matériel médical.

La docteure Ruba Suliman travaille à l'hôpital indonésien de Rafah, une ville qu’elle a rejointe après avoir fui son foyer avec son mari et ses deux enfants. « Le bruit des drones qui survolent Gaza ne nous quitte jamais, explique-t-elle. Parfois, il nous empêche même de dormir. Nous sommes en vie, mais nous n’allons pas bien. Tout le monde est épuisé et dévasté par ce qu’il se passe. » 

Les travailleurs de santé de la bande de Gaza sont confrontés aux mêmes conditions de vie que les 2,2 millions d’autres personnes vivant dans l’enclave. « Le personnel médical continue de travailler malgré un état de fatigue émotionnelle très élevé et une inquiétude constante pour leur famille, explique Gisela Silva Gonzàlez, responsable des activités de santé mentale de MSF à Gaza. Cela augmente encore leur niveau de stress au travail. » 

Beaucoup ont perdu leur maison, ont été déplacés et certains ont perdu des proches. « J’habitais dans la ville de Gaza et ma maison a été détruite, explique un autre médecin palestinien travaillant pour MSF. Dans ces cas-là, on ne perd pas seulement un abri, on perd une grande partie de ce qu’on a été. » 

Vue de l'hôpital Al-Shifa après sa destruction par l'armée israélienne. 
 © MSF
Vue de l'hôpital Al-Shifa après sa destruction par l'armée israélienne.  © MSF

Beaucoup d’entre eux souffrent d’anxiété, d’insomnie, de dépression, de pensées intrusives et de cauchemars, autant de phénomènes qui peuvent peser sur leur santé. Dans ce contexte, les équipes MSF s’efforcent de fournir des soins de santé mentale, avec une approche différente de celle de la population générale. 

« Nous proposons une autre forme de soutien, davantage basé sur leur propre expérience, explique Davide Musardo, responsable des activités de santé mentale de MSF à Gaza. Nous leur offrons la possibilité de s’exprimer face à d’autres professionnels, pour expliquer ce qu’ils vivent. » 

Un élément essentiel pour le soutien psychologique est la notion de sécurité, difficilement trouvable dans la bande de Gaza, soumise à des attaques et à une pression constante.  

« Quand nous disons qu'il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza aujourd'hui, nous ne parlons pas seulement des bombardements, explique Amparo Villasmil, psychologue MSF qui a travaillé à Gaza en février et mars 2024. Les habitants de Gaza n’ont aucun moment de répit, ils vivent dans un état d'alerte constant. Ils pensent tout le temps à la mort et n’arrivent pas à se reposer. Certains pensent que s’ils s’endorment, ils ne seront pas assez réactifs en cas d'attaques et qu’ils ne pourront pas s’enfuir ou protéger leur famille. » 

La perspective d’une offensive de l’armée israélienne à Rafah est dans l’esprit des quelque 1,5 millions de personnes entassées dans le sud de la bande de Gaza. 

« Un jour, j'ai trouvé un collègue, psychologue, prostré dans les escaliers. C’est d’ordinaire une personne très énergique et optimiste. Il était au bord des larmes et m'a dit à quel point il était épuisé, raconte Amparo Villasmil, dont le collègue venait d'apprendre l'annonce d’une offensive sur Rafah. Il m'a demandé ce qu'il était censé faire, où il devait aller et quand cette guerre cesserait. Je n’avais aucune réponse à lui donner. » 

MSF réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable, le seul moyen d’arrêter la destruction de la bande de Gaza et les attaques meurtrières qui frappent sa population. 

Notes

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