Quelle était ta mission ?
Quand je suis arrivé en Haïti, une première équipe travaillait déjà aux
Gonaïves, la ville la plus touchée par les inondations causées par la
tempête Jeanne. Avec la coordinatrice logistique, j'avais pour mission
d'aller explorer des régions plus au nord, où personne ne connaissait
réellement l'ampleur des dégâts. Nous sommes donc partis à
Port-au-Paix, pour évaluer la situation le long de Trois-Rivières, le
fleuve qui irrigue la région.
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Hôpital Immaculée Conception, Port-de-Paix
C'est dans cet hôpital public que notre équipe a mis en place une structure médicale de référence.
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Comment s'organisent nos activités ?
A Port-de-Paix, nous intervenons dans trois services de l'hôpital
public, les urgences, la pédiatrie et la maternité. Cette implantation
nous permet d'avoir un centre de référence pour les cas graves que nous
rencontrons lors des consultations mobiles dans la région. Nous
soutenons aussi un centre de santé primaire dans le village de
Chansolme. Depuis que nous y apportons notre aide, le nombre de
consultations a triplé. Il faut dire que nous fournissons soins et
médicaments gratuitement. Cela fait une énorme différence pour la
population, puisque dans le système de santé haïtien, la consultation
est habituellement facturée 10 gourdes (environ 20 centimes d'euros).
Or la plupart des malades n'ont pas les moyens de payer.
Quelles sont les pathologies les plus fréquemment rencontrées ?
Autant aux Gonaïves, les équipes ont soigné beaucoup de blessures
directement liées à la tempête (coupures, infections dues au contact
avec la boue et l'eau). Autant à Port-de-Paix, où nous sommes arrivés
plus tard, les équipes médicales traitent des patients qui souffrent de
pathologies assez classiques : beaucoup d'infections respiratoires, de
diarrhées, des maladies qui touchent en première ligne les enfants.
Nous soignons également des cas de paludisme.
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Hôpital Immaculée Conception, Port-de-Paix
Notre équipe y a repris les urgences, la pédiatrie et la maternité, et procure soins et médicaments gratuitement.
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Maintenant que l'urgence semble passée, MSF va-t-elle rester ?
C'est vrai que les conséquences immédiates de la tempête Jeanne sont
passées, il ne s'agit plus d'une urgence au sens strict. Cela dit, la
situation des populations reste très fragile et l'accès aux soins très
limité. Comme dans beaucoup d'autres endroits dans le monde, me
direz-vous ? En effet, mais l'année difficile qu'a traversée Haïti a
rendu la population particulièrement vulnérable. Alors que l'île aurait
dû célébrer le bicentenaire de son indépendance, elle a subi plusieurs
catastrophes naturelles et été déchirée par les violences politiques.
Le nord-ouest de l'île a été très affecté, parce que c'est une région
défavorisée et que les secours se sont plutôt concentrés autour des
Gonaïves. Les inondations ont touché une grande partie des terres
cultivées et des plantations, ce qui nous incite à surveiller de près
la situation alimentaire dans les semaines et les mois qui viennent.
L'idée,
ce n'est pas de régler tous les problèmes d'Haïti. MSF n'est qu'une ONG
médicale, et ne va pas éradiquer la pauvreté. Mais ce qu'on se dit,
c'est qu'avec cette mission, nous pourrons mieux comprendre le contexte
et réagir plus rapidement en cas de nouvelle urgence.
Photos: © Dieter Telemans