Haïti - Quinze jours après la tempête, la situation reste difficile

Pour venir en aide aux populations haïtiennes sinistrées par la tempête
Jeanne, deux équipes MSF sont sur place. Dans la ville de Gonaïves,
cinq médecins, cinq infirmiers et trois psychologues effectuent plus de
500 consultations par jour dans un centre de santé. Plus au nord, une
autre équipe a repris les services d'urgence, de pédiatrie et de
maternité au sein de l'hôpital de Port-de-Paix.

Quinze jours après les inondations qui ont dévasté la ville des Gonaïves, en Haïti, la situation reste catastrophique pour des dizaines de milliers de personnes. Des quartiers entiers de la ville sont toujours sous les eaux ou recouverts de boue. Les maisons ont été détruites et les centres pour réfugiés abritent quantités de personnes qui n'ont pas encore reçu d'aide jusqu'ici.

Coupures, infections et traumatismes
Chaque jour, les gens doivent s'atteler à déblayer la boue, trouver de la nourriture ou de l'eau potable et nettoyer les grands axes routiers de la ville. Le personnel municipal se charge d'enlever les cadavres. "Les personnes qui doivent ramasser tous ces cadavres dans la boue sont physiquement très affectées. Elles souffrent de nausées, de problèmes cardiaques et cutanés. Et, comme tout le reste de la population, elles ont subi un terrible traumatisme psychologique", explique Ilse Casteels, psychologue MSF aux Gonaïves.
illustration
Gonaïves
"Les personnes qui doivent ramasser tous ces cadavres dans la boue sont physiquement très affectées. Et, comme tout le reste de la population, elles ont subi un terrible traumatisme psychologique."

Outre les problèmes de santé mentale, les habitants souffrent principalement de coupures et d'infections, dues au contact avec la boue et les eaux stagnantes. Le centre de santé de MSF situé à Raboteau reçoit désormais plus de 500 patients par jour. Vendredi dernier, 700 consultations ont été effectuées. Cinq médecins, cinq infirmie(è)r(e)s et trois psychologues travaillent au sein de notre équipe médicale, aidés par six personnels soignants cubains. La salle d'accouchement est à nouveau opérationnelle et quatre accouchements ont eu lieu à la fin de la semaine dernière.

L'aide encore trop limitée en dehors de GonaÏves
Plusieurs patients viennent d'autres quartiers de la ville. "Même si Raboteau est assez éloignée, il fallait que je vienne jusqu'ici parce que je me sentais très mal", explique ce patient de 28 ans souffrant d'un problème dermatologique. "Au centre pour réfugiés où je me trouve pour le moment, il n'y a pas de médecin ni aucune forme d'aide".

Selon Silvien Auerbach, chef de mission MSF en Haïti, d'autres organisations médicales sont opérationnelles dans le centre de la ville. "Même si nous ne pouvons pas couvrir tous les besoins médicaux, la situation semble s'améliorer. Beaucoup de choses restent cependant encore à faire pour les habitants vivant en dehors de la ville", déclare Silvien Auerbach.
illustration
Structures de santé détruites
L'hôpital de Gonaïves a été complètement inondé, le matériel médical détruit

Urgences, pédiatrie et maternité à Port-de-Paix
Plus au nord, autour de la ville de Port-de-Paix, les très fortes pluies lors de la tempête Jeanne ont également provoqué des inondations. Si les dévastations sont moins frappantes qu'à Gonaïves, le débordement des rivières a néanmoins provoqué des glissements de terrain et d'importants dégâts matériels.

Pour venir en aide aux populations de cette zone, déjà affectées par les troubles politiques de février, fragilisées par la tempête Jeanne et ayant reçu peu de secours, une de nos équipes met donc sur pied une structure de soins de référence au sein de l'hôpital de Port-de-Paix. Deux médecins, deux infirmières et un logisticien y ont pris en charge les services d'urgences, de pédiatrie et de maternité. Ce dispositif est complété par des cliniques mobiles, c'est-à-dire des équipes qui sillonnent la région pour apporter des soins dans des zones isolées et référer les cas les plus graves vers l'hôpital de Port-de-Paix. Par ailleurs, une psychologue va mener une évaluation. Enfin, en fonction des besoins, cette équipe pourra également être amenée à effectuer des distributions de biens de première nécessité aux personnes sinistrées et à installer des points d'eau potable.

Photos: REUTERS/Daniel Morel, courtesy www.alertnet.org ; © MSF

Notes

    À lire aussi