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Haïti – Une formation pour la prise en charge du choléra

Dans le centre de traitement du choléra de Sarthe à Port au Prince  décembre 2010
Dans le centre de traitement du choléra de Sarthe, à Port-au-Prince - décembre 2010 © Aurelie Baumel / MSF

Pour faire face à la propagation rapide de l'épidémie de choléra qui a éclaté fin octobre en Haïti, MSF a déployé d'importants moyens, humains en particulier. Et MSF a organisé des formations accélérées pour apprendre au personnel de santé les protocoles de traitement et les règles d'hygiène à suivre. Régis Lorguilloux, infirmier responsable de la formation médicale, explique cette action.

Le personnel de santé haïtien n'avait jamais été confronté au choléra, une maladie jusque là inconnue en Haïti. Pour améliorer la prise en charge, MSF a entrepris une action de formation. Quel a été votre rôle ?

La première chose a été de dédramatiser et de sensibiliser la population comme le personnel de santé sur ce qu'est le choléra. Début novembre, dans les centres de santé, dans les églises, à la radio, par sms aussi, le même message a été relayé : le choléra est une maladie qui se soigne facilement et les malades doivent aller au plus vite dans un centre de traitement. Un autre message de prévention a été diffusé sur la nécessité de se laver les mains avant et après les repas, chlorer l'eau, laver les aliments et les cuire...Puis en décembre, parce que quelques personnes ne venaient toujours pas dans les centres de soins, nous avons rediffusé l'information dans certaines régions, principalement en Artibonite, où MSF traitait les malades du choléra et nous avons mis à disposition des ambulances. Nous insistions sur le fait que les soins étaient gratuits et avons continué à diffuser ces messages pendant toute la durée de l'épidémie.

Sur quoi a porté la formation du personnel médical ?

D'abord, nous avons détaillé les modes de contamination, les premières règles d'hygiène à suivre et mis l'accent sur l'importance de la réhydratation qui est le traitement primordial pour soigner les malades du choléra. J'ai commencé à Gonaïves le 6 novembre. Comme les malades affluaient et que le personnel était en nombre insuffisant, nous devions hydrater tout le monde afin de diminuer rapidement la létalité. J'ai expliqué au personnel de santé que si un patient peut boire, il faut lui donner des sels de réhydratation orale. Mais qu'en revanche, si son état ne le permet pas, il faut l'hydrater par voie intraveineuse. Et réaliser une surveillance des complications en cas d'hydratation trop importante: hypoglycémie, hypokaliémie, œdème aigu des poumons...

Ensuite, la formation a porté sur l'application du protocole pour savoir évaluer le degré de déshydratation et déterminer l'action à mettre en œuvre. L'un des trois plans A, B ou C est appliqué en fonction de l'âge, du poids et de l'estimation de la déshydratation. Ces plans suivent une graduation, le plan C correspondant à celui pour les patients les plus sévèrement atteints. Ensuite le suivi a consisté à améliorer la prise en charge et uniformiser les techniques de soins.

Vous travailliez en binôme avec un logisticien formateur. Pourquoi ?

Assurer la supervision de l'hygiène dans les structures médicales est l'autre volet de la prise en charge du choléra. Le logisticien formateur a travaillé sur l'isolement et la mise en place du circuit des patients, un élément essentiel pour éviter la propagation de la maladie. Il a formé les hygiénistes qui devaient nettoyer les tentes servant de centres de traitement, évacuer les vomissements et les selles et préparer les différentes chlorations d'eau conformément aux protocoles. Car il faut de l'eau à boire, de l'eau pour se laver les mains, pour assurer l'hygiène des sols et des locaux, évacuer les excreta et prendre en charge les cadavres.

Comment avez-vous organisé la formation ?

Il a fallu prendre en compte l'hétérogénéité des personnels de santé. Comme il y avait moitié infirmiers, moitié auxiliaires infirmiers, nous avons fait des formations individualisées, sous forme de mise en situation réelle, et utilisé une pédagogie interactive de manière que le personnel puisse tout de suite mettre en application ses nouvelles connaissances. A l'issue du premier module de formation d'une durée allant jusqu'à deux heures, le personnel était opérationnel. Ensuite deux autres heures étaient consacrées à l'application des protocoles et à une prise en charge globale. Puis les infirmiers expatriés ont pris le relais en assurant un suivi quotidien du niveau de compétence du personnel.

Ces formations ont atteint leurs objectifs et contribué à faire baisser rapidement la létalité dans les centres de traitement du choléra. Au total, nous avons formé plus de 550 infirmiers et auxiliaires infirmiers.

Depuis le début de l'épidémie fin octobre 2010, les équipes MSF ont traité 107 200 patients dans plus de 70 centres et unités de traitement à travers le pays. Sur le terrain, près de 7 500 Haïtiens et 430 employés étrangers mettent en œuvre les divers programmes MSF et prennent en charge la lutte contre le choléra. En 2010, MSF a répondu à des épidémies de choléra au Cameroun, au Tchad, au Niger, au Nigeria, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Zambie.

Dossier spécial choléra Haïti

Consultez notre dossier consacré à l'épidémie de choléra en Haïti.

Notes

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