Greniers à mil vides et vente de terres
Les récoltes de l'année dernière ont été brûlées par le soleil ou
ravagées par les criquets. Dans les zones les plus sinistrées de la
région de Tahoua et de Maradi, ces destructions s'élèvent à plus de
90%. Du coup, les greniers à mil sont vides et les réserves de sorgho
réduites à néant. Faute de stocks, les agriculteurs doivent acheter
leur nourriture et les prix ont flambé. Ceux qui n'ont pas les moyens
d'acheter au marché doivent se tourner vers des aliments de
substitution, comme l'anza, une petite plante sauvage aux fruits très
amers, uniquement consommés en période de disette. Pour les éleveurs,
la situation est également très critique : les pâturages sont réduits à
de tout petits îlots de paille jaunâtre, au milieu du sable...
Aujourd'hui, la distance est telle entre deux zones de pâturage que les
bêtes n'auront peut-être pas la force de parcourir de telles distances.
Il y a un net déficit en fourrages, la production de lait a
drastiquement chuté et les éleveurs ont dû commencer à vendre des
bêtes, y compris des femelles jeunes, pour acheter à manger. Ils
doivent donc entamer leur capital pour assurer leur survie immédiate,
alors même que le prix de bétail est aujourd'hui très bas par rapport
au coût des céréales... Enfin, certains paysans ont dû vendre des
terres, signe d'extrême vulnérabilité.
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Sécheresse
La situation est critique. Il faudra attendre mai pour les premières
pluies, juin pour que les pâturages repoussent et septembre pour les
premières récoltes.
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Un enfant sur cinq à risque de malnutrition
"Dans les villages que nous avons visité, un enfant sur cinq est à
risque de malnutrition, rapporte Arnaud, logisticien spécialiste de
sécurité alimentaire, de retour d'une des missions d'évaluation menées
par nos équipes. Les premières pluies ne vont pas arriver avant mai, et
il faudra attendre le mois de juin pour que les pâturages commencent à
repousse. Pour les premières récoltes, il faudra attendre jusqu'en
septembre. "
Sans
une intervention rapide, ces enfants vont encore perdre du poids et
quitter la zone à risque pour entrer dans la zone rouge, la
malnutrition sévère*. Nous voyons déjà le nombre de cas augmenter :
depuis la mi-février, le nombre d'enfants admis chaque semaine est
passé de 170 à près de 250. Trois mois avant la période
traditionnellement la plus critique, notre centre est déjà à la limite
de la saturation, malgré une prise en charge en ambulatoire qui permet
de réduire notablement le nombre d'hospitalisations.
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Diagnostiquer la malnutrition
En passant ce bracelet de carton (MUAC) autour du bras des enfants de
moins de 5 ans, on peut contrôler leur degré de malnutrition. Comme sur
tous les instruments du monde, le rouge indique le danger : un tour de
bras inférieur à 110 mm est le signe d'une malnutrition sévère, ce qui
est le cas des enfants admis dans le programme nutritionnel de Maradi.
La zone orange (tour de bras de 110 à 124 mm) correspond à une
malnutrition modérée, et la zone jaune à un risque de malnutrition
(tour de bras de 125 mm à 134 mm).
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Il faut agir, et vite
Les missions exploratoires que nous avons menées ont confirmé la
situation très alarmante rapportée par l'équipe au niveau local. Au
niveau national, le système d'alerte précoce nigérien, qui surveille la
situation alimentaire, a déjà publié des données très inquiétantes. Le
temps presse, il faut agir vite. Une équipe MSF supplémentaire va
partir dans les prochains jours pour ouvrir deux nouveaux centres de
prise en charge de la malnutrition sévère. Mais pour éviter que des
milliers d'enfants ne paient de leur vie l'absence de récoltes, il va
falloir que d'autres acteurs de l'aide s'impliquent sans délai.
* Une personne souffre de malnutrition modérée lorsque le rapport entre
son poids et sa taille est compris entre 70 et 80% du ratio normal.
Elle souffre de malnutrition sévère lorsque son rapport poids-taille
est inférieur à 70% du ratio normal. La malnutrition globale recouvre
malnutrition sévère et modérée.