« Ma première idée était de payer un passeur pour aller de Mersin, une ville de la côte, jusqu’en Italie par bateau. On a dû descendre par des sentiers en pente très raides jusqu’à un petit bateau qui nous attendait, et qui nous a conduit vers un autre bateau, plus gros. Mais après ça, on a été entouré de garde-côtes turcs qui nous ont dit de repartir. Quand le bateau a maintenu son cap, ils ont commencé à tirer des balles en caoutchouc sur les gens à bord. Et puis assez vite après ça, un bateau de l’armée turque est arrivé et a commencé à tirer de vraies balles sur les moteurs. Alors le capitaine s’est rendu et le bateau a été escorté jusqu’à Istanbul.
Après ça, j’ai essayé de passer en Europe par la frontière turque avec la Bulgarie, mais mon groupe s’est fait arrêter par la police turque avant même qu’on arrive à la frontière.
Ensuite, j’ai payé un passeur pour aller de Turquie jusqu’à l’île de Chios en Grèce, mais le bateau s’est fait arrêter deux fois par les garde-côtes turcs et on a été renvoyé en Turquie. La troisième fois, je me suis retrouvé entassé avec 50 autres personnes dans un petit bateau pneumatique. Une fois en mer, le bateau a failli couler, mais les garde-côtes grecs nous ont sauvé à la dernière minute, et nous ont ramené à Chios. J’y ai passé 5 jours, en dormant dehors, avec quasiment rien à manger, et j’ai finalement obtenu l’autorisation de quitter l’île pour me rendre à Athènes.
Une fois sur place, j’ai essayé à cinq reprises de prendre un avion pour l’Allemagne, mais je me suis fait à chaque fois refouler par la sécurité parce que je n’avais les papiers demandés.
En ce moment, j’essaie de faire le voyage jusqu’en Allemagne à pied, en passant par la Macédoine, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche. Je sais que ce voyage sera difficile. Mais je n’ai pas d’autre espoir que de finir par arriver en Allemagne et de demander l’asile pour pouvoir faire venir le reste de ma famille. »
La semaine dernière, le nombre de migrants et de réfugiés bloqués dans la forêt autour du village d’Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, a décuplé. Médecins Sans Frontières offre depuis avril des consultations médicales, un soutien psychologique et distribue des articles de première nécessité. L’organisation prévoit désormais de renforcer ses activités dans la région en envoyant une nouvelle équipe mobile.