Quelle est la situation dans les zones où vous intervenez ?
Beaucoup ont tout perdu pendant les inondations. J'ai rencontré une personne qui avait fait 12 km avec de la boue jusqu'aux genoux pour rejoindre un camp de déplacés. Certains sinistrés y arrivent totalement épuisés.
Les gens se sont réfugiés là où ils trouvaient un endroit sec. Parfois ils se sont installés le long des routes ou sur un monticule de terre. D'autres ont réussi à aller jusqu'à une école où un bâtiment converti en lieu d'accueil par les autorités.
Actuellement, nous intervenons dans une agglomération du nom de Chuni, dans le district de Supaul, qui était jusqu'ici totalement isolée à cause de la montée des eaux. Les villages étaient situés à proximité d'une digue et lorsque celle-ci a rompu, toute la zone a été dévastée.
La population a construit des abris de fortune avec du bambou et tout ce qu'elle a pu trouver. Elle n'a reçu que des produits alimentaires fournis par le gouvernement et largués par avion.
Nous leur avons fourni des bâches en plastique, des biens de première nécessité et des soins médicaux.
Car à ce stade, les priorités concernent la nourriture, les abris et l'aide médicale, en particulier pour les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes ou qui allaitent. En plus des cas de malnutrition, nous voyons beaucoup de personnes souffrant de diarrhées, d'infections respiratoires et de dermatoses.
Comment se passe l'intervention des secouristes ?
L'accès aux populations reste difficile. Dans certaines zones en partie inondées, les routes sont impraticables et l'acheminement de l'aide par camion est entravé. Ainsi pour nos distributions dans le district de Supaul, nous avons dû utiliser un tracteur car une partie de la route était toujours sous les eaux. Mais les habitants réparent déjà les routes, l'eau commence à se retirer et on peut espérer que la situation va s'améliorer petit à petit.
La seconde difficulté tient au fait que les gens sont très mobiles. Il y a beaucoup de mouvement de populations. Certaines personnes qui s'étaient réfugiées dans les camps commencent à rentrer chez elles. D'autres s'en vont dans des grandes villes, comme Delhi. Nous voyons des personnes aller et venir et il est difficile de savoir combien sont installées dans les camps, où elles vont et si elles comptent rester.
Quels sont les prochaines étapes ?
Jusqu'à présent, les autorités ont concentré leurs efforts sur la recherche et le sauvetage des sinistrés. Les gens étaient bloqués et devaient être ramenés sur la terre ferme par bateau. Maintenant que ces opérations de secours d'urgence touchent à leur fin, il faudra certainement renforcer les structures de santé dans les camps de personnes déplacées, ainsi que les activités d'eau, hygiène et assainissement, en particulier l'aménagement de latrines et l'approvisionnement en eau propre.
Quant à nos équipes, elles souhaitent continuer les dispensaires mobiles dans les zones où les gens n'ont pas accès aux soins ou n'ont reçu que peu d'aide jusqu'à présent. Il s'agit pour nous de gagner au plus vite les régions plus à l'ouest. Plus nous approcherons des zones proches de la rivière, plus nous trouverons de personnes touchées par les inondations et recevant peu de secours en raison des difficultés d'accès. Nous prévoyons également d'utiliser rapidement des bateaux et espérons arriver bientôt auprès de ces populations.
Aide médicale. Nos équipes mobiles fournissent une assistance médicale aux victimes
des inondations dans les districts particulièrement touchés de Araria,
Supaul, Saharsa, Madhepura et Purnia.
Distributions. Nous avons également distribué
des biens de première nécessité, tels que des bâches en plastique, des
jerrycans, des comprimés de purification de l'eau, du savon. Ces
distributions bénéficieront à environ 7500 familles, soit près de 42
000 personnes. Parallèlement, nous continuons à évaluer la situation
dans les camps de personnes déplacées.
Populations vulnérables. Nous concentrons nos efforts sur les groupes isolés de personnes
déplacées ainsi que les personnes vulnérables telles que les femmes
enceintes ou qui allaitent, ainsi que les enfants de moins de cinq ans.
Selon les chiffres du National Family Health Survey, 6% des enfants de
moins de cinq ans souffraient déjà de malnutrition sévère ou aiguë dans
l'Etat du Bihar et cette urgence risque d'aggraver la situation.
Malnutrition. La
malnutrition est le plus gros problème auquel nous sommes confrontés
sur le plan médical et la situation risque de se détériorer. MSF
fournit des aliments thérapeutiques aux patients qui en ont besoin.
Nous sommes également en contact avec les autorités et les acteurs
sanitaires locaux afin de les aider à répondre aux mieux aux besoins
spécifiques de cette population.
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