Italie - Fiche projet migrants

En Italie, Médecins Sans Frontières (MSF) prodigue des soins de santé aux migrants depuis 1999. Le durcissement des politiques d'immigration mis en place par le gouvernement italien en 2009 a encore aggravé la situation des migrants, renforçant leurs stigmates et entravant ainsi leur accès aux soins de santé.
Après avoir arrêté ses activités à Lampedusa suite à la forte diminution du nombre des migrants arrivant par bateau en 2009, MSF répond aujourd'hui principalement aux besoins médicaux et humanitaires des travailleurs saisonniers dans le sud de l'Italie.
En 2010, une équipe mobile de MSF identifiera les zones à forte concentration de migrants et de demandeurs d'asile sans papiers vivant dans de mauvaises conditions de vie et dont l'accès aux soins de santé est limité.
Objectif : leur proposer une aide d'urgence. MSF continue à dénoncer la situation critique des migrants en Italie et insiste pour que les autorités garantissent aux migrants et aux demandeurs d'asile de meilleures conditions d'accueil et un meilleur accès aux soins de santé.

En Italie, Médecins Sans Frontières (MSF) prodigue des soins de santé aux migrants depuis 1999. Le durcissement des politiques d'immigration mis en place par le gouvernement italien en 2009 a encore aggravé la situation des migrants, renforçant leurs stigmates et entravant ainsi leur accès aux soins de santé.

Après avoir arrêté ses activités à Lampedusa suite à la forte diminution du nombre des migrants arrivant par bateau en 2009, MSF répond aujourd'hui principalement aux besoins médicaux et humanitaires des travailleurs saisonniers dans le sud de l'Italie.

En 2010, une équipe mobile de MSF identifiera les zones à forte concentration de migrants et de demandeurs d'asile sans papiers vivant dans de mauvaises conditions de vie et dont l'accès aux soins de santé est limité.

Objectif : leur proposer une aide d'urgence. MSF continue à dénoncer la situation critique des migrants en Italie et insiste pour que les autorités garantissent aux migrants et aux demandeurs d'asile de meilleures conditions d'accueil et un meilleur accès aux soins de santé.


Contexte

L'Italie a longtemng>

L'Italie a longtemps été une destination et un pays de transit pour les migrants et les demandeurs d'asile qui fuyaient les conflits, la privation et les violations des droits de l'homme dans leurs pays d'origine. En 2008, on estimait qu'il y avait en Italie près de 651 000 migrants sans papiers.

On pense qu'entre 5 et 15 % de ces migrants sont arrivés par bateau via la côte du sud de l'Italie ; la grande majorité d'entre eux arrivent par les points d'entrée légaux mais dépassent la limite de validité de leur visa.

Pour faire face au sentiment anti-immigration grandissant, le gouvernement a mis en place des politiques destinées à diminuer l'immigration clandestine, ce qui a généré un climat de plus en plus hostile face aux migrants sans papiers.

Depuis la nouvelle loi, votée en 2009, l'entrée et le séjour clandestins en Italie sont désormais sanctionnés par la loi. Le plus inquiétant étant que l'application pratique de la loi peut obliger les fonctionnaires à dénoncer les migrants sans papiers à la police. La loi allonge aussi la durée de rétention maximum des migrants sans papiers de deux à six mois. La politique de pénalisation aggrave les stigmates, augmente les risques d'exploitation des migrants et les exclut souvent de tout accès aux soins de santé.

Une récente évaluation effectuée par MSF dans plus de 20 centres de rétention pour migrants et centres d'accueil des demandeurs d'asile a fait part de surpopulation, de mauvaises conditions de vie et de graves lacunes en termes de soins de santé. Il est probable que l'allongement de la durée de détention de ces populations ne fera qu'aggraver encore l'état de santé tant physique que mental des migrants.

Pour ceux qui tentent de rejoindre l'Italie, le renforcement des contrôles douaniers rend le périple plus long et plus dangereux. Les migrants qui traversent la Méditerranée pour essayer d'atteindre les côtes du sud de l'Italie voyagent dans de petites embarcations et prennent plus de risques.

Depuis mai 2009, après le renforcement des politiques de lutte contre l'immigration clandestine, les bateaux transportant des migrants et des demandeurs d'asile sont interceptés et refoulés vers la Lybie. Outre le déni d'assistance humanitaire que représente cet acte face aux besoins de ces migrants, les refouler vers la Lybie, c'est aussi les renvoyer à la violence et aux abus qu'ils tentaient précisément de fuir en essayant d'arriver en Italie.

MSF en Italie

Assistance médicale aux migrants et aux demandeurs d'asile qui arrivent par bateau à Lampedusa
Entre 2002 et 2009, MSF a travaillé à Lampedusa, une point de débarquement courant pour les migrants et les refugiés. Les migrants et les réfugiés arrivaient souvent avec des problèmes ostéomusculaires, en état de déshydratation et brûlés par le soleil et le carburant. Nombre d'entre eux étaient traumatisés par le voyage. On notait aussi parmi les migrants qui arrivaient par bateau, de plus en plus de femmes enceintes et d'enfants, particulièrement vulnérables.

En 2008, à Lampedusa, MSF a soigné plus de 1 400 migrants et réfugiés. La plupart d'entre eux venaient d'Afrique sub-saharienne, notamment de Somalie et d'Érythrée. Pendant leur voyage, les migrants et les réfugiés avaient souvent été soumis à des conditions atroces et violentés, voire violés. Les nouvelles politiques gouvernementales introduites en mai 2009 ont progressivement entraîné l'arrêt de l'arrivée des migrants à Lampedusa qui arrivaient par bateau. MSF a donc été forcée de retirer son équipe qui travaillait sur l'île mais elle est prête à rétablir sa présence à tout instant si la situation devait évoluer.

Accès aux soins de santé pour les migrants sans papiers
Au cours des sept dernières années, MSF a mis sur pied 35 cliniques dans lesquelles ses équipes
dispensent des soins de santé et un soutien psychologique aux migrants sans papiers dans six régions d'Italie, notamment en Sicile, en Campanie et dans les Pouilles. Ces cliniques ont été intégrées dans les services du système de santé national et dispensent des soins en respectant l'anonymat des migrants. En 2009, MSF gérait 4 cliniques en Campanie où elle aidait plus de 1600 migrants. Ces cliniques ont progressivement été reprises en charge par les autorités sanitaires locales.

Assistance aux travailleurs migrants saisonniers
Depuis 2005, MSF a proposé une aide médicale et humanitaire aux travailleurs migrants saisonniers en Sicile, dans les Pouilles, en Calabre et en Campanie. En 2009, les équipes de MSF ont assuré plus de 700 consultations et distribué des kits d'hygiène et autres matériels de première nécessité. Les mauvaises conditions de vie et de travail des travailleurs saisonniers provoquent de nombreux problèmes ostéomusculaires, de gastroentérites et de maladies de la peau.

Inciter les autorités à prendre leurs responsabilités
MSF se bat pour que les autorités prennent leurs responsabilités et améliorent les conditions de vie et de travail des migrants. En 2008, après les requêtes de MSF, les autorités régionales des Pouilles ont pris des mesures d'urgence pour améliorer les conditions de vie et proposer une aide médicale appropriée aux 4000 migrants travaillant dans la région.

Suite aux efforts conjoints de MSF et d'autres organisations, le ministère de l'Intérieur a approuvé une directive qui stipule que l'obligation pour les fonctionnaires de dénoncer les migrants sans papiers, prévue par la récente législation en matière d'immigration, ne s'applique pas au secteur de la santé. En Campanie, MSF procède à une enquête pour évaluer l'impact de cette législation au niveau pratique.

"Je viens de Côte d'Ivoire. Je suis en Italie depuis deux mois. J'ai voyagé jusqu'en Sicile par bateau. C'était une traversée horrible. Nous étions plus de 15 dans le bateau, certains vomissaient et n'ont rien reçu à boire ni à manger. Mais la période passée en Lybie était encore pire. Après avoir traversé le désert, on nous a mis en prison sans nous donner aucune explication.

Pendant six mois, j'ai vécu dans une cellule de 5 mètres sur 10 avec 20 autres personnes. Il n'y avait pas de toilette et on ne pouvait quasiment pas sortir. On ne recevait pas suffisamment à manger et la police nous battait régulièrement.

Aujourd'hui, je suis en Italie et je cueille des tomates. On me paie trois à quatre euros par caisse. Si tout va bien, je gagnerai 30 euros par jour mais il n'y a pas de travail tous les jours. Je vis dans une cabane et je dors sur un matelas à même le sol. Je ne pensais pas que ma vie serait aussi dure en Italie."

Témoignage d'un migrant de 20 ans originaire de Côte d'Ivoire qui travaille à la cueillette des tomates dans les Pouilles. Entretien réalisé en septembre 2009.

 

Notes

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