Japon : soutien psychologique pour les victimes du tremblement de terre

Une équipe mobile à Minami Sanriku en mars 2011
Une équipe mobile à Minami Sanriku, en mars 2011 © Giulio Di Sturco / VII mentor

Deux mois après le tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé le Nord-Est du Japon, une équipe MSF composée de psychologues japonais continue d'apporter son soutien aux populations affectées. Les activités de reconstruction mises en place par les autorités japonaises se développent dans la région.

Les équipes MSF ont conçu et construit une structure de logement temporaire à destination de 30 personnes à Baba Nakayama, près de Minami Sanriku, dans la préfecture de Miyagi.

Cette structure temporaire, qui a été mise à disposition le 4 mai dernier, va permettre d'améliorer les conditions de vie dans le centre principal d'accueil de la ville, et donc d'enrayer la transmission de maladies et réduire les traumatismes psychologiques chez la population hébergée.

La participation volontaire de la part des populations déplacées dès le début du projet a permis d'achever la construction bien avant les délais planifiés. Jusqu'à 25 de ces personnes, encadrées par du personnel MSF et équipées de matériel de sécurité, ont travaillé sur le chantier.

« L'ambiance était vraiment positive sur le chantier : beaucoup de sourires et de rires, malgré le fait que la plupart des déplacés ait vécu dans des tentes, des voitures ou des maisons délabrées faute de places dans les centres d'accueil », raconte Yozo Kawabe, logisticien MSF qui a suivi le projet. « Les gens étaient vraiment contents de pouvoir participer directement à la construction. Cela a également joué un rôle thérapeutique, car cela leur a permis de travailler ensemble pour un but commun, et retrouver un semblant d'autonomie et de confiance en soi ».

Trois médecins MSF continuent d'intervenir en appui aux structures de santé locales, à la demande des autorités sanitaires. Cependant, le système de santé est progressivement en train de se rétablir. MSF va donc réorienter ses activités vers le soutien psychologique auprès des personnes les plus vulnérables parmi les déplacés, telles que les personnes âgées, les parents seuls et les personnes déjà touchées par des handicaps ou des maladies chroniques.

L'équipe de six psychologues japonais met aussi en place des activités de sensibilisation afin de permettre aux habitants du centre d'accueil de Minami Sanriku de dépister et identifier les personnes nécessitant un support psychologique dédié. Une cabine fournit des informations sur des techniques de gestion du stress en détectant les troubles psychologiques et indique si besoin où trouver une aide supplémentaire. Des informations dédiées sont également prévues pour les parents et les accompagnants de personnes âgées.

MSF a également mis en place un café près de la Bayside Arena Clinic de Minami Sanriku. Ceci a pour but de créer un cadre d'échange informel entre les déplacés et le personnel MSF, permettre de rencontrer la population plus facilement, créer des liens de confiance et identifier des personnes en difficulté en vue d'une thérapie adaptée. Environ 320 personnes ont utilisé cet espace depuis son ouverture.

« De nombreuses personnes ont tout perdu suite à cette catastrophe : des proches, des collègues et des amis. Il leur est difficile d'imaginer un avenir », explique Ha Young Lee, une psychologue coréenne qui avait déjà travaillé avec MSF à Banda Aceh, après le tsunami de 2005, et auprès des réfugiés nord-coréens à Séoul. « Beaucoup de déplacés sont déprimés, ils se sentent impuissants. Aussi, beaucoup d'entre eux sont en train de faire le deuil d'une perte humaine, tout en vivant dans des conditions physiques difficiles », poursuit-elle.

Alors que le traumatisme initial lié à la catastrophe s'estompe petit à petit, les familles sont confrontées à une source supplémentaire de stress : la recherche d'un nouveau logement et les questions financières.

« Le besoin d'un soutien psychologique est destiné à s'accroître dans les mois à venir, car les victimes de la catastrophe sont confrontées au défi de reprendre en main leur vie. Ces personnes, déjà secouées et vulnérables psychologiquement, risquent d'être davantage fragilisées par les questions liées à la relocalisation et aux dédommagements à venir », conclut Ha Young.

 

 

Activités détaillées

  • Au 8 mai dernier, les équipes médicales MSF ont réalisé 2 075 consultations médicales à Minami Sanriku et Taro. A ces deux endroits, les principales pathologies rencontrées sont l'hypertension et les infections respiratoires supérieures.
  • Environ 600 personnes ont bénéficié de séances de conseil (counseling) mises en place par les psychologues MSF. Les principaux troubles décrits sont la gestion du stress, des troubles de la mémoire et des difficultés de concentration, ainsi que des troubles du sommeil, liés aux conditions de vie dans les centres d'accueil.
  • MSF a distribué 4 030 couvertures, 6 500 litres d'eau potable, un groupe électrogène desservant un bâtiment d'accueil et 10 000 kits d'hygiène personnelle (savon, brosses à dents, dentifrice et serviettes) pour les sinistrées. Des biens de première nécessité (piles, bougies, allumettes et serviettes) ont également été distribués à 4 000 personnes.
  • MSF a fait don de deux bus et d'un véhicule adapté aux personnes handicapées aux autorités sanitaires de Minami Sanriku.
  • A moyen terme, MSF compte soutenir les autorités locales pour la construction de deux structures médicales temporaires, à Minami Sanriku et Taro.

 

Notes

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