Le laboratoire américain Abbott a annoncé que le prix de la nouvelle version du Kaletra serait de 500 dollars par patient et par an en Afrique et dans les pays les moins avancés. En revanche, nous n'avons toujours pas reçu de confirmation écrite de la part d'Abbott pour notre commande passée le 15 mars. De plus, la question du prix reste posée pour les pays à revenu intermédiaire, dont font partie le Guatemala et la Thaïlande, deux pays où nous soignons des malades du sida et pour lesquels nous avons commandé la nouvelle version du Kaletra.
Le Kaletra est un anti-rétroviral clé pour les traitements de seconde ligne. L'ancienne formulation, sous forme de gélule, doit être réfrigérée et est donc difficilement utilisable dans nos programmes. La nouvelle version, thermostable, est au contraire tout à fait adaptée aux conditions climatiques des pays dans lesquels nous travaillons et donc indiquée pour nos patients. Mais Abbott réservait cette nouvelle formule pour les seuls malades des Etats-Unis.
Faire pression, médicament par médicament
La Campagne d'accès aux médicaments essentiels (CAME) a fait pression pour pousser Abbott à rendre disponible ce produit dans les pays du Sud (et donc dans nos programmes), au prix de l'ancienne formulation. L'annonce d'Abbott constitue donc une petite victoire, mais qui illustre surtout les problèmes majeurs auxquels nous sommes actuellement confrontés pour les médicaments de seconde ligne contre le sida. Car le système désormais en vigueur sur la propriété intellectuelle (brevets de 20 ans) rend difficile l'accès à ces nouveaux médicaments qui ne peuvent plus être légalement copiés par les principaux fabricants de génériques. Nous sommes donc obligés, au cas par cas, médicament par médicament, de faire pression sur les laboratoires pour rendre disponibles ces traitements à un prix abordable.
L'exemple du Kaletra montre en fait que le coût du traitement des malades du sida est en train d'augmenter sensiblement. Différentes études menées montrent qu'au bout de quelques années des résistances aux médicaments se manifestent chez les patients et nous obligent à utiliser des traitements alternatifs de seconde ligne, 10 à 20 fois plus chers.