Au
mois de mars et après de longs mois de pression, le gouvernement
sierra-leonais a enfin décidé de faire évoluer le protocole national de
traitement du paludisme, en y incluant les ACT - seuls traitements
efficaces contre la maladie. Reste à mettre en pratique cette décision
politique.
Une étude du Ministère de la Santé a montré qu'à Freetown, la capitale,
42% des décès pédiatriques étaient imputables à cette maladie. Au sud
du pays, des chercheurs ont pu montrer que le paludisme était
responsable de 27% des décès, toutes populations confondues.
Mais
ici comme dans nombre d'autres pays d'Afrique, les traitements
anti-paludéens classiques se révèlent largement inefficaces.
Après
une étude de résistance au niveau national, et de longues discussions
entre le ministère de la Santé, l'OMS, MSF et d'autres ONGs, le
gouvernement sierra-léonais a finalement annoncé au mois de mars
dernier l'adoption d'un nouveau protocole national, incluant les
dérivés d'artémisinine. Reste à mettre en pratique cette décision
politique.
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Sierra Leone, Kailahun
" La Sierra Leone est, probablement, proportionnellement au nombre d'habitants, le pays où il y a le plus de paludisme au monde. " Francesco Checchi, épidémiologiste à Epicentre.
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Médecins Sans Frontières à Kailahun
Créé en 2001 pour permettre à la population de cette région dévastée
par la guerre d'accéder aux soins, l'hôpital MSF de Kailahun accueille
de très nombreux patients atteints par le paludisme. Ainsi, en 2003,
65% des hospitalisations en pédiatrie étaient dues à cette maladie. Sur
un total de près de 15 000 consultations externes, plus de la moitié -
soit 8300- sont liées au paludisme.
Kailahun
a également été l'un des cinq sites de l'étude de résistance conduite
par MSF, l'OMS et d'autres ONGs sur le traitement du paludisme. Engagée
en octobre 2002, cette étude a confirmé des taux de résistance
importants pour la chloroquine (78,8% à Kailahun) et le Fansidar ®
(46,1% à Kailahun).
Enfin un nouveau protocole de traitement
MSF a mené sur plus de deux ans un travail de pression sur les
autorités sierra-léonaises pour les amener à accepter l'utilisation de
nouveaux traitements contre le paludisme, alors que les médicaments
classiques ont fait la preuve de leur inefficacité. Finalement, au mois
de mars dernier, le gouvernement sierra-léonais a annoncé lors d'une
réunion de concertation avec l'OMS, MSF et d'autres ONGs, qu'il
adoptait un nouveau protocole national de traitement du paludisme, en y
incluant les combinaisons thérapeutiques à base de dérivés
d'artémisinine. Les ONGs sont invitées à participer dès maintenant à la
mise en place de ces ACT.
Le
gouvernement sierra-léonais vient de déposer une demande de subventions
auprès du Fonds Global pour financer ce changement de protocole. Une
fois l'argent débloqué, restera à organiser la formation du personnel
soignant au diagnostic et à la prise en charge de la maladie avec ces
nouveaux traitements, puis toute la mise en place pratique des ACT. Un
énorme chantier de santé publique, qui devra être mis en place au plus
vite pour tous les patients en attente de traitements efficaces.