« Le traitement gratuit, ça signifie la vie ! »

Montée en partenariat les autorités sanitaires chinoises de Nanning, la
clinique MSF de prise en charge des malades du sida fonctionne
notamment avec des médecins chinois du CDC (Centre de veille et de
contrôle des maladies). Le docteur Tang est l'un d'eux. Il fait le
point sur l'intervention MSF, sur ce qui a déjà changé et sur les
progrès qui restent encore à réaliser en Chine, sur le sida.

Disposer de médicaments gratuits et efficaces
Avant, c'était très difficile pour moi de faire des ordonnances pour les patients VIH/sida. Les deux combinaisons antirétrovirales (ARV) disponibles dans le protocole national chinois ne font pas partie des traitements homologués par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les malades devaient s'en contenter et finissaient souvent par abandonner à cause des effets secondaires. Parce que les médicaments étaient payants, d'autres étaient contraints d'interrompre leur traitement par manque de ressources financières. Il ne leur restait plus qu'à attendre la mort.

Aujourd'hui, dans la clinique MSF, le traitement est gratuit. Tous les patients sont suivis, des cas les moins graves aux personnes les plus touchées. Lorsque je suis au CDC, je sais que je peux référer les patients les plus démunis (financièrement) à MSF. Le traitement gratuit, ça signifie la vie ! En plus, le protocole ARV de MSF est une combinaison internationalement reconnue : ce sont les traitements de 1ère ligne actuellement recommandés par l'OMS.

Une autre façon de diagnostiquer
Avant, il y avait une forte stigmatisation et des idées préconçues sur les personnes malades. Petit à petit, les habitudes du personnel médical ont changé, ils ont eu moins peur.
J'ai beaucoup appris avec MSF, sur les méthodes, les soins à apporter aux malades du sida, sur la façon de mener une consultation, d'examiner les patients. J'ai découvert une autre façon de diagnostiquer : les médecins chinois posent des questions et se contentent des réponses obtenues. Seuls les patients sévèrement atteints étaient dévêtus et examinés. Avec MSF j'ai appris que tous doivent être auscultés, examinés avec précision et attention, qu'il faut collecter le plus d'informations possible.

Encore beaucoup d'efforts à faire
Le travail que MSF mène ici peut beaucoup aider le Guangxi, donner l'opportunité au personnel médical chinois d'apprendre comment bien traiter et prendre en charge la maladie. Sans ce programme, beacuoup des patients actuellement sous traitement seraient morts à l'heure qu'il est. J'espère que la Chine va généraliser les traitements gratuits, que le gouvernement va affecter davantage de fonds à la lutte contre le sida, et que le Guangxi sera une province en avance dans ce combat.

* Pour préserver l'anonymat du patient, son prénom a été changé.

Notes

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