Chez la moitié des blessés que nous rencontrons, la balle a atteint l’os, provoquant des fractures multi-fragmentaires, ce qui signifie que l’os a littéralement été pulvérisé. Les plaies par balle entraînent également des déchirures multiples et irrégulières des tissus mous (la peau, les tendons, les muscles, les nerfs, les artères). Ceci entraîne une dévascularisation, c’est-à-dire l’arrêt de l’alimentation par l’afflux sanguin, ce qui présente de forts risques d’infections.
Si la balle touche le nerf sciatique, c’est la paralysie, qui peut être définitive. Lorsqu’il s’agit d’une plaie artérielle, nous faisons alors face à un risque vital immédiat, ainsi qu’à une dévitalisation des membres. Une amputation est alors souvent nécessaire.
Quels types de chirurgie réalisez-vous pour ces blessés ?
Sur les blessures aux jambes, nous menons principalement des opérations de parage des lésions, qui consistent à retirer les tissus morts. Quand l’os est touché, il s’agit exclusivement de la pose de fixateurs externes. Les nerfs, les muscles et les tendons ne peuvent en général pas être réparés en urgence.
Les blessures étant très sévères, les tissus sont souvent difficilement reconnaissables dans la blessure, quand ils ne sont pas tout simplement absents, emportés par la balle. On ne peut pas toujours reconnaître l’ordre anatomique normal, les repères ne sont plus présents. On doit donc inciser, en amont ou en aval de la blessure, pour retrouver la base d’un nerf, d’un tendon, d’un vaisseau sanguin. Cela se rapproche des chirurgies que l’on pourrait mener en présence de blessures de guerres.