Libye : à Derna, la population vit hantée par le spectre des inondations

Vue de Derna après les inondations qui ont touché la ville la nuit du 10 au 11 septembre 2023.
Vue de Derna après les inondations qui ont touché la ville la nuit du 10 au 11 septembre 2023. © MSF

Après des inondations meurtrières, à Derna, dans le nord-est de la Libye, les équipes MSF apportent une aide d’urgence aux victimes pour qui le traumatisme psychologique est encore bien présent. Près de 5 000 patients ont été reçus en trois mois.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023, la tempête Daniel s’abat sur les côtes libyennes. Aux alentours de 2 h 30 du matin, elle provoque la rupture de deux barrages en amont de la ville de Derna. Une vague mortelle engloutit alors une partie du centre-ville, emportant dans un torrent de boue des milliers de vies, détruisant sur son passage les immeubles et le paysage. Près de trois mois après la catastrophe, les bilans officiels se sont eux arrêtés de 4300 morts reconnus et plus de 8000 disparus.

À ce jour, les médecins de MSF ont ainsi reçu plus de 4 480 patients, enfants et adultes, en consultation de médecine générale. Les pathologies les plus fréquentes sont l’hypertension, des infections des voies respiratoires supérieures et des maux de ventre. « Nous avons vite remarqué que dans de nombreux cas, les patients venaient avec des symptômes davantage psychologiques que physiques », précise le Dr Mohamed Ibrahim Algablawi. Les consultations de médecine générale ont ainsi donné lieu à plus de 230 orientations de patients auprès des équipes de santé mentale.

Les psychologues rapportent ainsi que de nombreux patients présentent des symptômes de douleurs physiques allant de maux de têtes, à des oppressions thoraciques et parfois un essoufflement, des douleurs d'estomac ou dorsales, des bouffées de chaleur, ainsi que des symptômes de nervosité, de violence, de pleurs constants. Ils expriment des sentiments de détresse, de peur, de tristesse. 479 patients ont ainsi été reçus en session individuelle et 483 en sessions de groupe.

Des équipes MSF lors d'une évaluation à Derna.
 © MSF
Des équipes MSF lors d'une évaluation à Derna. © MSF

Dès mi-septembre, ce sont en effet les besoins en santé mentale et en soutien psychosocial qui avaient été identifiés par nos équipes comme prioritaires. L’objectif étant de soutenir, à la fois les familles déplacées ayant perdu des proches et tous leurs biens, mais aussi le personnel médical et les volontaires, eux-mêmes parfois endeuillés par les inondations et très exposés à la détresse psychologique des victimes.

« Les gens font des cauchemars, ils ont l’impression que la catastrophe pourrait se reproduire, ils ont peur de la pluie, des nuages, du changement climatique. Cette peur que les inondations puissent se reproduire les hante », conclut un psychologue MSF.

Notes

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