Malawi - Détecter à temps les échecs de traitement

Les outils de contrôle pour détecter les échecs de traitement antirétroviral sont trop coûteux, donc très peu disponibles dans les pays pauvres. Or si un nouveau traitement intervient trop tard, les chances de survie diminuent fortement.

Les outils de contrôle pour détecter les échecs de traitement antirétroviral sont trop coûteux, donc très peu disponibles dans les pays pauvres. Or si un nouveau traitement intervient trop tard, les chances de survie diminuent fortement.

 

Rose a 30 ans. Elle est sous traitement antirétroviral (ARV) dans une cliniquentirétroviral (ARV) dans une clinique MSF au Malawi depuis trois ans. Au début, Rose suivait bien son traitement et celui-ci semblait efficace, mais depuis peu, son état de santé s'est dégradé. Elle a de nouveau perdu du poids et se sent fatiguée. Elle a contracté une candidose, une infection opportuniste du sida très fréquente.

Inquiet de la dégradation de son état de santé, son médecin lui a fait passer des examens qui ont confirmé la baisse de son taux de CD4 à 140, alors qu'au dernier contrôle, huit mois auparavant, il était à 240. Le médecin a ainsi conclu que Rose était en " échec de traitement ", c'est-à-dire que les antirétroviraux qu'elle prenait ne fonctionnaient plus. Sans changement rapide de traitement, Rose risquait de mourir dans les mois à venir.

illustration
Malawi, hôpital de Chiradzulu
Dans ce programme, MSF a déjà mis 3 200 patients sous ARV

© Didier Lefèvre

 

Des chances de survie réduites
Son médecin a donc décidé de modifier son traitement, en remplaçant les médicaments de première ligne par ceux de deuxième ligne, plus puissants. Cependant l'échec de traitement de Rose n'a été observé que tardivement ce qui réduit considérablement les chances de réussite de son nouveau traitement. En changeant à un stade aussi avancé, la probabilité pour que cette nouvelle combinaison thérapeutique soit efficace est passée de 80% à 50%.
Le problème est donc de détecter un échec de traitement dans les plus brefs délais : cela nécessite un matériel de laboratoire sophistiqué, souvent inabordable voire inexistant dans les pays pauvres, comme le Malawi.

 

Des outils de contrôle trop chers et trop complexes
Deux types d'examens existent pour contrôler l'efficacité du traitement des patients. Le premier compte le nombre de CD4, composante-clef du système immunitaire qui est attaquée par le virus du Sida. Plus le taux de CD4 est bas, plus le système immunitaire est faible. Le second type d'examen mesure la charge virale, c'est-à-dire la quantité de virus dans le sang. Si le traitement ARV est efficace, la charge virale sera faible voire indétectable. Ce contrôle de la charge virale permet de détecter plus rapidement un échec de traitement que le comptage des CD4.
Cependant le matériel de laboratoire pour de tels examens est coûteux. Même les machines les plus simples pour contrôler le taux de CD4 valent environ 16 000 dollars, sans compter le coût des réactifs pour chaque examen. Les machines mesurant les charges virales coûtent plus de 130 000 dollars, et nécessitent également des réactifs.

Au Malawi, Médecins Sans Frontières utilise une machine CD4 qui réalise jusqu'à 50 examens par jour. Cela permet l'examen annuel de tous les patients sous ARV, ainsi que les examens sur demande en cas de suspicion d'échec de traitement. Mais actuellement, MSF ne peut pas utiliser du matériel mesurant les charges virales des patients. Une seule machine existe, à l'autre bout du pays.

Deux solutions peuvent être simultanément mises en oeuvre pour améliorer la disponibilité des examens de CD4 et de charges virales. Premièrement, il faut développer des versions simples et rapides de ces examens, qui pourraient être utilisées dans les centres de santé locaux par un personnel médical peu formé. Deuxièmement, comme il n'est pas possible d'équiper chaque centre de santé, il faut mettre au point des techniques pour transporter en toute sécurité les échantillons aux laboratoires de district ou aux hôpitaux nationaux, et ensuite assurer le retour des résultats.

 

Notes

    À lire aussi