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Mali : trois questions à Ibrahim Ahmed, responsable de projets à Mopti et Douentza

Mali  Janvier 2011.
Mali - Janvier 2011. © Marianne Viot

Dans le centre du Mali, plus précisément dans la localité de Konna, d’intenses combats ont eu lieu au cours de la semaine dernière. Depuis plusieurs mois, des équipes MSF travaillent de part et d’autre de cette zone de contact entre Nord et Sud, respectivement à Douentza et à Mopti. Ibrahim Ahmed, en charge de ces deux projets médicaux, détaille ici les contraintes auxquelles sont confrontées les équipes MSF et fait le point sur la situation dans cette zone charnière.

Quelle est la situation à Mopti ?

Lorsque nous sommes arrivés, il y a une semaine, les populations quittaient la ville devant l’avancée des combats. Nous savions tous que la guerre se déroulait à Konna, dans une petite ville à 70 km de Mopti. Donc les populations partaient chez des proches, dans leurs familles ou chez des amis. Mopti était presque vide, les magasins étaient fermés et on voyait peu de gens marcher dans les rues. Ceux qui sont restés sur place n’avaient sans doute pas les moyens de partir, ce sont en quelque sorte les personnes les plus vulnérables. MSF a donc continué d’assurer une présence dans la ville, en soutenant deux unités d’hospitalisation pour les enfants malnutris et un centre de traitement en ambulatoire.

En arrivant à Mopti, notre idée initiale était de rejoindre le reste des équipes médicales qui travaillent dans l’hôpital de Douentza, une ville encore plus au Nord que Konna. Mais les combats étaient intenses, et nous n’avons pas pu prendre la route.

Comment va l’équipe de MSF basée à Douentza ?

Ils se sentent un peu isolés mais ils vont bien. Nous avons des contacts réguliers. Depuis le début des bombardements, ils ont vécu reclus dans l’hôpital, pour éviter de se déplacer. Il s’agissait d’assurer leur propre sécurité, mais aussi de pouvoir faire face aux urgences médicales. Les équipes ont dispensé environ 600 consultations au cours de la semaine dernière - près de 200 patients avaient moins de cinq ans.

La fréquentation de l’hôpital et du centre de santé que nous soutenons a baissé, ce qui laisse supposer que les habitants de la ville ne sortent pas de chez eux, donc nous sommes inquiets pour leur état de santé. De manière assez surprenante, nous n’avons pas reçu de blessés. Peu d’informations transparaissent, la situation dans la région de Konna est assez opaque. C’est rare, dans un conflit d’être réellement positionné de part et d’autre d’une zone de combats, au plus près. C’est pourtant notre cas aujourd’hui ! Depuis hier, lundi, nous savons que les armées malienne et française sont arrivées à Douentza. Nous attendons donc d’avoir l’accès pour pouvoir rejoindre nos collègues.

Qu’en est-il de l’accès à Konna ?

Nous savons qu’il s’agit d’une localité où les besoins médicaux et humanitaires risquent d’être potentiellement importants puisque des combats au sol et dans les airs ont eu lieu. Mais jusqu’à maintenant, et malgré nos demandes répétées, l’accès à cette zone nous est toujours interdit. Donc il est difficile de savoir ce qui s’y passe. Tout le monde, organisations de secours et médias, est resté bloqué à Sévaré, une ville attenante à Mopti. Nous avons fait venir la semaine dernière deux camions chargés de matériel médical et de médicaments. Donc nous avons des médicaments sur place, nous pouvons organiser rapidement des cliniques mobiles, et nous avons le matériel médical suffisant pour stabiliser les blessés potentiels et les référer à Mopti si besoin. Notre chirurgien, toujours à Bamako, n’attend plus que notre feu vert. Mais plus le temps passe, plus la situation s’enlise, et moins nous savons ce que nous trouverons sur place. Le pire serait sans doute d’arriver trop tard. Dans cette région, nos principales priorités restent depuis plusieurs jours les mêmes : renforcer l’équipe de Mopti et pouvoir accéder à Konna.

Notes

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