Comment s’est passé l’installation des salles de travail et d’accouchement ?
L’équipe a travaillé dur, depuis début octobre, pour que le projet démarre. Au début, on se dit que ce sera facile mais c’est vraiment compliqué d’ouvrir un hôpital et cela demande beaucoup d’efforts. Je n’avais pas réalisé tous les détails qu’il faut régler. Cela a été un énorme travail d'installer tous les équipements et le mobilier, de mettre en place les protocoles MSF, recruter et former le personnel infirmier. Mais le projet tourne bien.
A ce stade du projet, toutes les patientes qui se présentent ont-elles besoin des services fournis pas MSF ?
Nous avons remarqué que certaines réfugiées syriennes arrivent à la fin de leur grossesse pour être bien sûres qu’elles peuvent avoir confiance dans les soins dispensés par MSF. Par exemple, ce matin nous avons eu une réfugiée venant de Mafrak (à 60 km d’ici), dans le nord de la Jordanie, qui est venue consulter deux fois avant de se décider à venir accoucher ici aujourd’hui. Deux patientes sont venues nous parler et voir à quoi ressemble l’hôpital. Bref, elles veulent voir si elles pourront se sentir en sécurité ici !
Quels types de soins avaient pu recevoir ces femmes, avant ?
Quelques jours après le démarrage du projet, nous avons pu avoir une idée des soins que ces femmes avaient reçus auparavant. Elles étaient dispersées un peu partout. Certaines avaient vu des médecins en consultation privée car c’est la seule possibilité qui s’offrait à elles. Elles n’avaient toutefois pas accès à ces soins de manière régulière ou quand il le fallait, tout simplement parce qu’elles n’avaient pas les moyens de payer une consultation. Une femme enceinte consultait par exemple une fois au début de sa grossesse et avait une deuxième consultation deux mois après. Il y avait donc un problème de suivi médical.
Mais je crois que les soins médicaux sont toujours une priorité pour les Syriens réfugiés en Jordanie. Ils dépensent tout l’argent qu’ils ont – bien que ce soit très peu – pour les consultations, mais là encore pas de façon aussi régulière qu’il le faudrait. La situation est très différente de ce que j’ai vu dans les autres endroits où j’ai travaillé pour MSF où les soins médicaux n’étaient pas considérés comme une priorité.
Que pouvez-vous dire de l’équipe MSF ?
Nous avons une équipe de quatre sages-femmes jordaniennes qui ont une année ou deux d’expérience et sont supervisées par une sage-femme ayant près de 20 ans d’expérience. C’est bien d’avoir de jeunes sages-femmes qui peuvent apprendre rapidement et appliquer les protocoles MSF. Par ailleurs, nous voyons qu’elles assument de grandes responsabilités et pour cela j’essaye de les aider avec le concours de la sage-femme superviseuse. Chaque équipe comprend une sage-femme et une infirmière. Par la suite, nous essaierons d’avoir deux sages-femmes par équipe de manière à pouvoir accroître notre capacité de réponse si le nombre de patientes augmente.
Combien de patientes avez-vous reçues jusqu’ici ?
Jusqu’ici, nous avons donné 142 consultations prénatales et 27 consultations gynécologiques. 32 femmes ont été admises à la maternité, trois d'entre elles ont été transférées pour une césarienne. Et nous avons eu 29 nouveaux nés et 8 bébés admis dans l’unité de néonatalogie.
Qu’avez-vous ressenti après la naissance du premier bébé ?
Pour tout le monde, cela a été un moment formidable. C’était un petit garçon très mignon de 2,8 kg dont la famille originaire de Deraa en Syrie était venue de la ville de Mafrak en Jordanie. Une heure après, un autre bébé est né, et là c’était une petite fille !