Quelle a été cette année la situation nutritionnelle en Mauritanie ?
Par rapport aux années précédentes, la malnutrition en 2012 a augmenté en Mauritanie, mais pas dans des proportions considérables. Au final, il n’y a pas eu d’urgence nutritionnelle. La crise annoncée n’a pas eu la gravité prévue. MSF est intervenue suite à l’alerte donnée par les Nations Unies fin 2011 sur la crise nutritionnelle qui se profilait dans l’ensemble des pays du Sahel où le risque de décès avait été évalué à 1,2 million de personnes. MSF a donc décidé pour la première fois de prendre en charge le traitement de la malnutrition en Mauritanie. Mais cette intervention s’est terminée fin septembre. Elle a été limitée dans le temps car la situation n’était pas catastrophique.
En quoi a consisté l’intervention de MSF en Mauritanie ?
MSF a choisi d’aller dans le sud du pays, dans la région de Brakna qui est la région où la prévalence de la malnutrition est la plus élevée. Après une enquête rapide, MSF a ouvert en avril un projet dans la ville de Boghé et en mai, à Makhta Lahjar, un peu plus au nord où elle a mis en place le même dispositif. Dans les deux villes, une unité d’hospitalisation a été installée pour les enfants souffrant de malnutrition sévère et de pathologies associées. Les équipes rayonnaient dans les villages aux alentours pour dépister les cas de malnutrition. Elles assuraient un traitement en ambulatoire sur douze sites au total. Et les enfants dont l’état nécessitait une hospitalisation étaient transférés à Boghé ou Makhta Lahjar.
Nous avons enregistré un pic d’activité en juillet, durant la période de soudure. Ensuite le nombre d’enfants traités a commencé à diminuer. C’était le début de la saison des pluies dans ces zones agro-pastorales. Et en septembre, la prévalence de la malnutrition avait fortement baissé. Dans la région de Brakna, au 15 septembre, le taux de malnutrition aiguë sévère était de 0,6% et celui de malnutrition aiguë modérée de 4,5%, soit un taux de malnutrition global de 5,1% bien inférieur au seuil d’urgence défini par les Nations Unies qui est de 15% et exige une intervention.
Qu’en est-il au Sénégal où MSF a aussi pris en charge le traitement de la malnutrition ?
Le tableau était très semblable à celui observé en Mauritanie, à cette différence près que la situation y était encore moins alarmante. Une équipe MSF est allée dans les régions de Djourbel et de Matam, les deux régions les plus à risque. Finalement notre programme de traitement de la malnutrition s’est limité à la région de Djourbel où nous avons soigné 385 enfants en ambulatoire et 124 enfants en hospitalisation. L’activité médicale étant peu importante, l’équipe s’est surtout attachée à renforcer les capacités du ministère de la Santé. Comme en Mauritanie, MSF a formé au dépistage et à la prise en charge de la malnutrition des agents du ministère de la Santé qui travaillent dans les postes de santé et donné pour cela du matériel anthropométrique.
Notre intervention en Mauritanie en chiffres :Boghé :
6 376 enfants dépistés
1 263 enfants traités dont 151 enfants hospitalisés
Makhta Lahjar :
4 331 enfants dépistés
556 enfants traités dont 50 enfants hospitalisés
Les critères d’admission ont été élargis de manière à prendre en charge des enfants à risque et d’éviter éventuellement qu’ils ne tombent dans la malnutrition sévère.
La mesure du périmètre brachial (MUAC) retenue pour prendre en charge les enfants était de 120 au lieu de 115 habituellement.
DOSSIER URGENCE SAHEL
Consultez notre dossier concernant la crise nutritionnelle frappant la région du Sahel, région d'Afrique où les crises nutritionnelles sont récurrentes et cycliques et les taux de malnutrition avoisinent en permanence les niveaux d’alerte.