Ce document part du constat que la notion de "protection" est particulièrement difficile à manier aujourd'hui à MSF ; notion confuse, perçue comme évidente par les uns et comme tout à fait suspecte par les autres, elle suscite des cristallisations sans pour autant être réellement débattue. Or, parler de protection, c'est poser la question de notre responsabilité ou de notre rôle face à des violences, à côté du soin ; cette question serait-elle réglée une fois pour toutes à MSF?
Afin de donner des éléments de réponse, l'étude s'intéresse aux pratiques et discours déployés par MSF (le siège, les équipes de terrain, les individus) hier et aujourd'hui, face à diverses situations de violences affectant des populations en général, ou des personnes que nous assistions. Elle analyse l'évolution de nos discours sur notre responsabilité - une évolution indissociable de celle de notre environnement de travail, et notamment de l'action internationale des Etats. Elle tente parallèlement d'identifier les constances au sein de nos pratiques (actes concrets en vue de protéger un individu ou un groupe, choix opérationnels visant à sécuriser notre sphère d'action, ou messages visant à alerter, dénoncer, activer la responsabilité d'autres acteurs, etc), à commencer par l'exigence incontournable de « ne pas nuire ». Présentées en annexes, trois études de cas regardent de plus près ces pratiques et la façon dont elles furent discutées ou justifiées dans chaque contexte précis, les éventuels désaccords qu'elles suscitèrent, les arguments qui présidèrent aux arbitrages opérés.