Étant donné l’importance du changement climatique, chaque organisation est en devoir d'adopter des politiques respectueuses de l'environnement et de minimiser son impact sur les écosystèmes dans lesquels elle évolue. Pour une organisation médicale humanitaire comme Médecins Sans Frontières (MSF), ces impératifs sont incontournables et nécessaires : « Il a été largement démontré que les personnes vulnérables que nous nous efforçons d'aider subissent de plein fouet les effets de la crise climatique et environnementale, explique Alexandre Chaudonneret, responsable de l'action climatique et environnementale pour MSF. Le concept de “ne pas nuire” est bien connu de tous les professionnels de santé à travers le monde et nous sommes déterminés à réduire notre propre contribution au problème climatique. Nous ne changeons pas notre raison d’être, mais notre façon de travailler. »
La section française de Médecins sans frontières, ainsi que d'autres membres du réseau international de l'association, se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions de carbone d'ici à 2030, sur la base des niveaux recensés en 2019. Après près de dix-huit mois de travail interdisciplinaire, soutenu par l'expertise de l’association Climate Action Accelerator, la feuille de route a été finalisée. Au total, 33 engagements ont été définis et 72 actions identifiées pour conduire MSF vers la réalisation d’un double objectif : d’une part, respecter l’engagement pris en 2021 sur la réduction de ses émissions carbone, de l’autre, réduire encore son impact environnemental dans les régions où interviennent ses équipes.
Parmi les secteurs d’intervention identifiés, la feuille de route met en avant, entre autres, le volume de déchets, en particulier plastiques, le nombre de kilomètres parcourus en avion, l’empreinte environnementale des fournisseurs de MSF et la consommation d’énergie de ses structures.
« Le temps pris par la finalisation de cette feuille de route peut sembler long, et compte tenu de l'urgence climatique et environnementale, c'est en quelque sorte le cas. Il est nécessaire d’adapter et parfois de repenser nos méthodes de travail, en tenant compte du nombre de contraintes auxquelles nous faisons face, ajoute Stéphanie Brochot, directrice générale adjointe de MSF. Nous avons voulu profiter de l’expérience et des compétences de nos équipes, c’est pourquoi nous avons construit cette feuille de route à partir de 175 de leurs propositions, qui ont émergé lors d’une large consultation interne. Pendant ce temps, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Certaines actions ont déjà commencé, lorsque que nous avions à portée de main des solutions rapides et efficaces. Je pense notamment au déploiement progressif d’incinérateurs semi-industriels pour traiter nos déchets les plus dangereux en République démocratique du Congo, au Yémen ou en Haïti ; aux procédures qui nous permettent de réduire de plusieurs tonnes la quantité de déchets plastiques à Amman ; aux installations solaires qui se développent progressivement (au Nigeria et au Soudan du Sud entre autres) ou au projet-pilote “Batteries responsables” au Kenya. »