Myanmar : une catastrophe en cache une autre

Birmanie mai 2008.
Birmanie, mai 2008. © Eyal Warshawski

Le 2 mai 2008, le cyclone Nargis a tristement remis le Myanmar sous les feux des projecteurs, en ravageant le delta de la province de l'Irrawaddy et en laissant, selon les estimations, quelque 130 000 personnes disparues ou mortes.

Le 2 mai 2008, le cyclone Nargis a tristement remis le Myanmar sous les feux des projecteurs, en ravageant le delta de la province de l'Irrawaddy et en laissant, selon les estimations, quelque 130 000 personnes disparues ou mortes.

Gouvernés par un régime militaire depuis 1962 et connaissant des conflits sporadiques dans certaines régions, les Birmans, pratiquement oubliés du monde extérieur, ont durement été affectés par le cyclone Nargis survenu le 2 mai dernier.

Dans tout le pays, les besoins sanitaires chroniques et urgents sont importants et exacerbés par un manque d'investissement tant de la part du gouvernement que de la communauté internationale. En matière de santé, l'État a dépensé 0,70 USD par personne en 2007, soit 0,3% du produit intérieur brut.

La même année, l'aide humanitaire internationale atteignait les 3 USD par personne, soit le taux le plus bas du monde.

Le manque d'attention accordée aux besoins de ce pays, en particulier sur le sida, la tuberculose et le paludisme, continue de coûter la vie de milliers de personnes chaque année.

 

 

Nargis a entraîné un déferlement d'aide lorsque la nouvelle de l'étendue du désastre s'est propagée hors du pays.
Dans les 48 heures qui ont suivi le passage du cyclone, les équipes de MSF ont commencé par secourir les populations vivant dans les zones les plus touchées de la ville de Rangoon et du delta de l'Irrawaddy.

Depuis lors, près de 750 membres de l'association se sont relayés pour prêter assistance à plus d'un demi million de personnes en répondant à leurs besoins les plus urgents. Nourriture, abri, eau, soins médicaux, soutien psychosocial et produits de première nécessité ont été fournis. Cette aide a été délivrée grâce aux personnels nationaux de MSF. Le régime avait en effet refusé d'accorder des visas à des volontaires expatriés durant plusieurs semaines après la catastrophe.

La population du Myanmar ne saurait attendre une autre catastrophe pour que l'ampleur de ce désastre sanitaire soit mis au jour.
Lorsque la situation s'est stabilisée et que le nombre d'ONG présentes dans le Delta a significativement augmenté, MSF a pu passer de nombreux programmes à d'autres organisations d'aide.

Cependant, une assistance adéquate est restée limitée dans certaines zones plus difficiles d'accès. Ce fut notamment le cas pour les quartiers sud du township de Bogaley, où MSF continue aujourd'hui à travailler. MSF poursuit également une surveillance de la situation nutritionnelle dans le Delta. Malheureusement, les efforts pour fournir un niveau d'aide appropriée aux populations les plus vulnérables du Myanmar est une bataille qui s'étend à l'ensemble du pays.

Les efforts déployés pour les victimes du cyclone Nargis contrastent fortement avec une autre réalité. Le gouvernement du Myanmar et la communauté internationale continuent par exemple d'ignorer les victimes d'autres pathologies, comme le sida, maladie qui, en 2007, a coûté la vie à 25000 personnes.

 

 

Près de 75 000 personnes ont besoin en urgence d'une thérapie antirétroviral (ARV), mais moins de 20 % d'entre-elles ont accès à un traitement.

Actuellement, MSF fournit environ 80 % de tous les traitements ARV disponibles gratuitement dans le pays (à plus de 11 000 patients).

Ainsi, MSF a dû prendre la difficile décision de limiter drastiquement les admissions dans son programme sida, tout en appelant le gouvernement du Myanmar et la communauté internationale à rendre disponible plus de traitements ARV.



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Le sida est un exemple de ces maladies qui ne sont pas prises en charge au Myanmar, pays qui affiche les pires statistiques de santé observables en Asie du sud-est.
Le paludisme reste la principale cause de décès dans un pays qui compte à lui seul autant de morts que la moitié de ceux enregistrés dans toute l'Asie du Sud-Est.
Par ailleurs, plus de 80 000 nouveaux cas de tuberculose sont détectés chaque année - un taux parmi les plus élevé au monde - tandis qu'on constate une hausse des cas de tuberculose multirésistante.

La population du Myanmar ne saurait attendre une autre catastrophe pour que l'ampleur de ce désastre sanitaire soit mis au jour. Autorités nationale et internationale doivent agir afin d'empêcher la mort de milliers d'individus.

 

Notes

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