« J'ai décollé de Delhi avec deux autres collègues à 11 heures du matin le dimanche 26 avril, au lendemain du séisme. Une forte réplique a provoqué l'évacuation de l'aéroport de Katmandou et nous avons tourné au-dessus de la ville pendant des heures. Finalement, après avoir été redirigés à Dehli puis de nouveau à Katmandou, nous n’avons pu atterrir que vers 20 heures. C’était le chaos total dans l’aéroport, des milliers de personnes essayaient de quitter le pays alors que des centaines d’autres voulaient y rentrer pour y porter secours aux victimes du séisme. A 1 heure du matin, nous avons finalement pu sortir avec le matériel médical que nous avions apporté.
Approvisionnement par voie terrestre
Sachant qu'il serait extrêmement difficile d’acheminer l’aide à travers l’aéroport de Katmandou, quatre de nos équipes de l'Etat du Bihar en Inde ont organisé dès dimanche matin l’acheminement d’un camion par route pour transporter du matériel médical, 1 000 kits d'abris, 500 kits d'hygiène et 500 kits familiaux. Lundi, après des retards survenus à la frontière, les équipes et le matériel sont arrivés à Gorkha, une ville proche de l’épicentre du séisme, à 200 kilomètres au nord-ouest de Katmandou.
Lundi matin nous avons essayé de trouver un hélicoptère à Katmandou, et heureusement un pilote a accepté de nous emmener faire une reconnaissance aérienne. Nous avons survolé pendant trois heures les zones touchées en périphérie de la capitale. Les dégâts étaient manifestes. Nous avons survolé les districts à l'est, au nord et à l'ouest de Katmandou et avons volé au-dessus d’environ 65 villages. Au moins 45 d’entre eux étaient partiellement ou complétement détruits. Les habitants s’étaient réfugiés dans des habitations de fortune, mais de toute évidence ils manquent d’abris, de produits d’hygiène et d’équipements de cuisine.
Les gens dorment sous tente
La ville de Katmandou n’a pas été trop gravement détruite et la grande majorité des bâtiments sont toujours debout. Malgré cela, beaucoup d’habitants dorment dehors dans des tentes et des abris de fortune, de peur que les bâtiments s’effondrent à cause des répliques. C’est une situation préoccupante au vue de la saison des pluies qui a débuté et qui va s’intensifier dans les jours et semaines à venir. La forte pression sur les hôpitaux de Katmandou et des environs pour les interventions chirurgicales vitales est redescendue. Les besoins se concentrent maintenant sur les opérations chirurgicales moins graves, les soins post-opératoires et le traitement des maladies ordinaires.
Le plus grand défi : acheminer l’aide
Nous ne disposons pas encore d'un aperçu complet des besoins dans le pays parce que les zones les plus touchées se trouvent dans les régions montagneuses reculées en dehors de Katmandou. Il est difficile d'obtenir des informations notamment sur l'étendue des dégâts et le nombre de vie perdues dans ces zones. Le plus grand défi est maintenant l’acheminement de l’aide. Il y’a beaucoup de petits villages répartis sur un grand espace. Même avant le séisme, ces zones étaient difficiles d'accès. Depuis que des glissements de terrain et avalanches ont coupé de nombreuses routes, la seule façon d'accéder à ces zones est l’hélicoptère. Mais ils sont en nombre insuffisants, notamment les hélicoptères cargo qui peuvent transporter des tonnes de matériel de secours.
Suite au séisme, l’assistance est arrivée en masse. Des organisations gouvernementales et non gouvernementales d’aide humanitaire sont venues du monde entier. Il est essentiel que cette assistance puisse arriver dans les zones les plus touchées qui sont à l’extérieur de Katmandou.
Notre priorité est d’apporter de l’aide dans les endroits où personne ne va et qui n’ont pas encore reçu d'assistance. Il s’agit d’un énorme défi logistique que de faire parvenir notre matériel depuis l’aéroport encore congestionné.
Nous devons augmenter le nombre de cliniques mobiles
Jeudi 30 avril, nous avons mis en place une clinique mobile par hélicoptère et visité des villages isolés dans les montagnes au nord de Katmandou. Habituellement, les problématiques d’eau, d’hygiène et d’assainissement deviennent critiques dans les semaines qui suivent une catastrophe naturelle comme un séisme. Les habitants peuvent développer des maladies diarrhéiques à cause de la mauvaise qualité de l’eau disponible ainsi que des infections respiratoires dues au fait de vivre dehors.
Nous devons augmenter le nombre de cliniques mobiles le plus rapidement possible et garder un œil attentif sur les maladies transmissibles telles que la rougeole et le tétanos. Nos équipes prévoient aussi de distribuer des tonnes de matériel pour abris, du matériel d'hygiène et de cuisine. L’arrivée de la saison des pluies va encore compliquer l’acheminement de l’aide jusqu'aux personnes vivant dans les zones isolées.