Soigner un grand nombre d'enfants souffrant de malnutrition grave est possible. Notre stratégie de prise en charge de la malnutrition sévère a profondément évolué depuis quelques années et particulièrement en 2005. A capacités égales, nous sommes en mesure de prendre en charge beaucoup plus d'enfants qu'auparavant, avec un taux de guérison nettement amélioré, supérieur à 91% en 2005. Cette révolution a été rendue possible par l'invention d'un produit thérapeutique très efficace et par la mise en place d'un système ambulatoire.
En moins de trois ans, nous sommes passés d'une hospitalisation systématique pour tout enfant admis dans le programme de prise en charge de la malnutrition sévère à un suivi en ambulatoire pour la grande majorité.
En 2005, seuls 10 à 15% des enfants présents dans le programme étaient hospitalisés. Seuls ceux qui n'ont plus d'appétit ou souffrent en plus de complications médicales doivent rester sous surveillance médicale étroite. Tous les autres, ceux qui n'ont pas ou plus de complications médicales, suivent le traitement chez eux, sous supervision parentale. Ils reçoivent un traitement médical systématique et se rendent une fois par semaine à une consultation pour vérifier l'évolution de leur état de santé et s'approvisionner en aliments thérapeutiques.
Cet aliment, une pâte nutritionnelle, est conditionné dans des sachets individuels, que l'enfant consomme directement, sans ajouter d'eau, sans utiliser de récipient, sans problèmes de dosage ou de péremption. Cette simplicité d'utilisation, doublée d'une réelle efficacité thérapeutique, allège considérablement les contraintes pour les familles et les enfants.
Les résultats prouvent que cette stratégie permet à davantage d'enfants de guérir plus vite de façon durable. En 2005, sur les 39.000 enfants admis dans les programmes de Maradi, 91,3% sont sortis guéris, 3,3% sont décédés et 4,7% ont abandonné le traitement avant guérison.
A titre de comparaison, en 2001, alors que tous les enfants étaient hospitalisés, le taux de guérison était de 58,3%, celui de décès de 6,8% et celui d'abandon de 34,8%. Les enfants prennent du poids plus rapidement et restent donc moins longtemps dans le programme - 29 jours en moyenne en 2005 pour les enfants sortant de l'ambulatoire. Le taux de réadmission est de seulement 0,8%.
En 2006, MSF poursuit cette stratégie de prise en charge de la malnutrition aiguë. Dans la région de Maradi, les critères d'admissions ont été élargis puisque sont maintenant admis tous les cas de malnutrition aiguë, qu'ils soient sévères ou modérés. Les cas compliqués sont hospitalisés et les autres suivis en ambulatoire.
En conclusion, les enfants atteints de malnutrition aiguë sans complication médicale peuvent être guéris en très grande majorité sans hospitalisation, avec un produit thérapeutique qui leur apporte les nutriments, minéraux et vitamines nécessaires. Cette stratégie ne nécessite pas de moyens très lourds et pourrait être mise en place à grande échelle au Niger par d'autres acteurs.