Deux mois après le tremblement de terre qui a dévasté le Cachemire pakistanais et la province voisine de la Frontière du Nord-Ouest, des milliers de blessés ont encore besoin de soins. Beaucoup, opérés dans des conditions précaires immédiatement après le séisme, souffrent de complications. Certains doivent toujours rester hospitalisés, et parfois subir une nouvelle intervention chirurgicale.
Pour les prendre en charge, nous avons ouvert le 21 novembre un hôpital à Mansehra. Cette structure de plus de 1.000 m² et d'une capacité de 120 lits d'hospitalisation, installée sous neuf tentes gonflables, comprend quatre blocs opératoires, une salle d'urgence et un service pour les soins intensifs. En complément, nous avons installé dans la ville de Mansehra plusieurs villages médicaux, afin d'héberger avec leur famille les patients qui n'ont plus besoin d'être hospitalisés mais nécessitent toujours un suivi médical régulier et ne peuvent donc retourner dans leur village d'origine.
Notre équipe, en étroite collaboration avec le personnel pakistanais de l'hôpital de district de Mansehra, réalise en moyenne une vingtaine d'interventions chirurgicales chaque jour et assure des soins post-opératoires de qualité. Un soutien psychologique est proposé aux blessés souffrant de traumatismes psychologiques et 150 patients bénéficient de séances de kinésithérapie pour accélérer leur réhabilitation fonctionnelle.
Hôpital gonflable
Cette structure - 4 blocs opératoire, salle d'urgence, service de soins intensifs et 120 lits d'hospitalisation - décharge l'hôpital de district de Mansehra des blessés du séisme et des autres urgences pour lui permettre de retrouver un fonctionnement normal.
Afflux de blessés
Dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre, des milliers de blessés ont afflués de toute la région sinistrée vers Mansehra. L'équipe de l'hôpital de district a immédiatement commencé à les opérer : amputations, réductions de fractures, poses de plâtres ou de fixateurs externes. Ce travail s'est effectué dans des conditions extrêmement difficiles, malgré le renfort d'équipes médicales pakistanaises et internationales. Dans un bloc opératoire submergé, les interventions chirurgicales se sont enchaînées sans stérilisation adéquate des lieux ni des instruments. Les bâtiments ayant été fortement endommagés, la plupart des patients opérés se sont installés dans la cour de l'hôpital et sur un terrain attenant, sous des tentes de fortune. Ayant perdu leur maison dans le séisme, ils restaient là avec leur famille, dans des conditions peu compatibles avec une hospitalisation. A cause du manque d'hygiène lors des opérations et de soins post-opératoires, beaucoup de patients ont souffert d'infections.
Tentes de fortune
Les bâtiments de l'hôpital de district ayant été fortement endommagés, la plupart des patients opérés se sont installés avec leur famille sous des tentes de fortune, dans des conditions peu compatibles avec une hospitalisation. Beaucoup ont souffert d'infections.
Dysfonctionnement général de l'hôpital
Lorsque nos équipes sont arrivées, elles ont commencé par installer six tentes d'hospitalisation, ainsi que des douches, des latrines et un système d'approvisionnement en eau potable. Une amélioration bienvenue, mais dont il était impossible de se satisfaire. Le bloc opératoire continuait de fonctionner sans stérilisation correcte. Les autres services de l'hôpital (maternité, pédiatrie...), remplis de blessés du séisme, ne pouvaient plus assurer l'hospitalisation et la prise en charge des patients sans lien avec le séisme.
Face à ce constat de dysfonctionnement général de l'hôpital de district de Mansehra, il fallait donc au plus vite mettre en place notre structure hospitalière. Un objectif clair, mais complexe à mettre en oeuvre. Pour y parvenir, il fallait d'abord libérer de l'espace sur le terrain attenant à l'hôpital. Et donc proposer une alternative meilleure à tous les patients installés là sous d'abris de fortune. A ceux qui étaient en état de rentrer chez eux et le souhaitaient, nous avons distribué des tentes, des couvertures, des kits d'hygiène et de cuisine, et payé le transport jusqu'à leur village d'origine. Pour ceux qui avaient encore besoin d'un suivi médical régulier, nous avons créé des villages médicaux, camps de convalescence dans la ville même de Mansehra (lire l'article sur ce sujet).
Améliorer la situation
A l'hôpital de Mansehra, nous avons commencé par installer six tentes d'hospitalisation, ainsi que équipements sanitaires pour améliorer les conditions d'hospitalisation des patients.
Les tentes gonflables, une solution technique adaptée
Grâce à cette stratégie et à un travail acharné de notre équipe logistique, notre hôpital a pu être installé en à peine deux semaines. Les tentes gonflables utilisées, équipées d'un système de chauffage, d'un réseau électrique et d'installations sanitaires, constituent une solution technique rapide à déployer, adaptée aux conditions climatiques et permettant d'assurer des soins de qualité. Le 21 novembre, les patients de l'hôpital de district ayant encore besoin d'une hospitalisation complète y ont été transférés. Le 23 novembre, les premières interventions ont eu lieu dans les nouveaux blocs opératoires, dotés d'un circuit de stérilisation du matériel. La salle d'urgence et le service de soins intensifs ont commencé à prendre en charge d'autres besoins urgents de la population qui ne sont pas nécessairement liés au séisme.
» Une amélioration immédiate, mais le travail ne fait que commencer
Pour le reste de l'hôpital de district, la mise en place de notre structure s'est traduite pas une amélioration immédiate. L'ancien bloc opératoire a fermé. Les services de pédiatrie, de maternité et de médecine interne ont été vidés des blessés du séisme. Leur réhabilitation, gérée par les autorités sanitaires locales mais à laquelle nous apportons notre soutien, a immédiatement débuté. MSF a aussi mis en place une structure temporaire pour les consultations externes de l'hôpital et a entrepris la construction d'une banque de sang. Peu à peu, les services hospitaliers retrouvent un fonctionnement normal.
Mais le travail ne fait que commencer. Dans cette période d'urgence médicale prolongée, notre hôpital aura une valeur ajoutée forte pour soigner dans de bonnes conditions les blessés et les patients qui ont subi des complications. En plus des blessés qui se trouvaient à l'hôpital de district de Mansehra, nous recevons déjà des patients en provenance de toute la région, initialement soignés dans une autre structure mais qui n'ont pas bénéficié d'un suivi approprié. Notre équipe travaille aussi pour identifier et transférer les blessés des zones reculées qui n'ont pas eu accès aux soins hospitaliers.