Nombre d’habitants ont du fuir les affrontements inter religieux et les opérations militaires dans les zones FATA. La plupart vivent toujours dans des contextes sécuritaires instables, en situation de grande précarité et rencontrent d'importantes difficultés pour accéder à des soins médicaux de qualité. Les gens ont peur d’emprunter les routes qui traversent leurs villages. Pour ne pas s’exposer au danger, ils choisissent de faire des détours, empruntent les chemins les plus longs et se déplacent le plus souvent à pied. Les ressources humaines médicales manquent ; les programmes de vaccination sont inexistants ou ne fonctionnent qu’en partie et on constate, sur certaines localités, une recrudescence de maladies contagieuses comme la rougeole, la coqueluche, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques et la malnutrition infantile et maternelle ; la mortalité et la morbidité sont élevées…
A Alizai, MSF offre des consultations pédiatriques. A l’hôpital de Sadda, dans les services de consultations internes et externes de son propre dispensaire, MSF offre également des soins pédiatriques gratuits aux enfants de moins de cinq ans et prend en charge des pathologies comme la malnutrition, la rougeole, la leishmaniose cutanée, les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires. « Les patients viennent de régions lointaines et isolées. Du fait de l’insécurité et des problèmes de transport, ils ont du mal à rejoindre une structure sanitaire. Quand ils arrivent, la plupart souffrent de maladies graves et de complications multiples », explique le Dr Gulam Hazrat, pédiatre MSF à Sadda.
Said a six enfants. Il est originaire de Sherzai et vit avec d’autres déplacés à Laddah, à environ deux heures et demie de route de l’hôpital de Sadda. Son fils de huit ans a été victime d’un accident, une chute du haut d’une colline. L’enfant était gravement blessé et couvert de sang. « Tout le monde pensait que mon fils était mort, y compris moi. J’ai demandé à des gens de préparer sa tombe, mais quelqu’un a senti battre son pouls et nous l’avons amené ici à l’hôpital de Sadda où on nous a dit que MSF soignait gratuitement les enfants. Pendant un jour et demi, mon fils était inconscient. On ne pensait pas qu’il survivrait. MSF a sauvé mon enfant en lui donnant de bons soins pendant trois jours. Nous sommes très pauvres et nous ne pouvons pas payer pour des soins médicaux coûteux, mais heureusement ici tout est gratuit ».
A l’hôpital, de Sadda, en plus de ses activités pédiatriques, MSF soutient également le ministère de la Santé en gérant le service des urgences les afflux massifs de blessés, les accidents de la route et les cas de traumatologie. Depuis Alizai et Sadda, MSF organise les transferts des urgences aigues - médicales, chirurgicales et gynéco-obstétriques - vers les hôpitaux de Hangu ou de Peshawar.
MSF répond également aux situations d’urgence. Ainsi, en 2010, lors d’une épidémie de diarrhée aqueuse aiguë, un centre de traitement spécialisé de 30 lits et des dispensaires mobiles ont été mis en place à Sadda et dans la région centrale de Kurram. Des kits médicaux ont été distribués à des organisations médicales, notamment lors des derniers pics de violences intercommunautaires. En 2010, MSF a porté assistance à 3 500 familles déplacées ayant trouvé refuge dans différentes régions de l’Agence de Kurram. En février 2011, 517 familles déplacées vivant à Turimangle, Parachinar et Sadda ont bénéficié d’une distribution de kits de secours contenant des couvertures, ainsi que du matériel d’hygiène et de cuisine.
Un programme en « remote control » (géré à distance). Depuis 2007, pour des raisons de sécurité et par manque d’autorisations, MSF ne peut plus envoyer de personnels internationaux dans les zones FATA. Nos activités sur Sadda et AlizaÏ sont donc gérées à partir de Peshawar et sont menées, sur le terrain, par nos 50 collègues pakistanais et par six personnels du ministère de la Santé.
Aujourd’hui, dans le but d’améliorer la prise en charge des patients, MSF peut plus souvent envoyer ses superviseurs médicaux et logistiques sur place. Une demande d’autorisation de visite, par des expatriés, a par ailleurs été déposée auprès des autorités.
En 2011, à Alizai, 3 843 enfants ont été reçus dans nos consultations pédiatriques. A Sadda, 36 750 enfants ont été reçus dans nos consultations; 572 enfants ont été admis dans notre programme nutritionnel ; 589 cas de leishmaniose ont été traités ; 541 patients atteints de diarrhée aqueuse aiguë ont été pris en charge ; 594 consultations ante natales ont été menées.
Depuis 1986, MSF travaille au Pakistan. Dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (KPK), MSF travaille à Timergara, Dargai, Hangu et Peshawar. Dans la province du Balochistan, MSF mène des programmes médicaux à Quetta, Kuchlak, Dera Murad Jamali et Chaman, ainsi que dans l’Agence de Kurram située dans les zones tribales sous administration fédérale (FATA) Un projet sera ouvert dans l’année à Karachi, dans la province du Sindh. Pour le financement de ses programmes au Pakistan, MSF n’accepte que des dons privé et refuse tout fonds institutionnel, gouvernemental ou militaire.