« Nous avons élaboré le prototype de ce petit cabanon à partir d’un abri qu’avait commencé à fabriquer une association locale avec des bénévoles britanniques venus aider les migrants, et nous avons cherché à en améliorer l’isolation contre le froid », explique Anne Chatelain, responsable adjointe des programmes d’urgence à MSF. Une équipe fabrique à Calais les modules - plancher, plafond et murs en bois et toit en tôle – et les achemine dans le camp. Le premier abri a été ainsi monté le 14 novembre sur le site de la Jungle. Et la collaboration se poursuit avec l’association de l’Auberge des migrants qui identifie les bénéficiaires ainsi qu’avec les bénévoles qui produisent le même modèle d’abri.
L’objectif pour MSF est de produire 400 abris d’ici fin décembre. Sachant que chaque bungalow fait 8,5 m2 de surface et peut accueillir 5 personnes, 2 000 personnes auront un endroit où dormir au sec. « Ces abris sont une solution par défaut, note Anne Chatelain. Nous aurions souhaité fournir aux réfugiés des solutions d’hébergement temporaire adapté à leurs besoins - pour se reposer, prendre contact avec leur famille, laver leurs vêtements et prendre des douches durant quelques jours - la plupart d’entre eux souhaitant rejoindre l’Angleterre au plus vite. Mais nous sommes contraints de leur fournir des cabanons parce qu’ils sont condamnés à passer l’hiver ici et ne peuvent pas continuer à vivre dans le froid et l’humidité. »
De fait, la plupart d’entre eux ne disposent que de petites tentes légères, bonnes pour le camping l’été, mais pas pour y vivre par un temps pluvieux et venteux. Les pouvoirs publics qui ont envoyé les réfugiés sur ce site non aménagé, en mars dernier, ne se soucient guère d’offrir des conditions d’accueil décentes. Le gouvernement a décidé de mettre en place un camp en dur où 1500 personnes devraient être logées, mais ce ne sera pas avant la fin de l’année. La seule chose tangible pour l’heure, ce sont les 200 places offertes aux femmes et aux enfants dans un centre aéré qui a été reconverti en centre d’hébergement et se trouve à la lisière du camp.
La population du camp qui était estimée à 6000 personnes en octobre, a diminué. Aujourd’hui, elles ne seraient plus que 4500, à en croire le ministère de l’Intérieur qui cherche à désengorger le site de Calais, en envoyant des migrants dans des centres d’orientation et d’accueil, le temps apparemment de les informer sur la procédure d’asile, ou dans des centres de rétention.
Pour ceux qui sont toujours là, MSF va continuer à offrir des soins médicaux, mais dans de meilleures conditions. L’équipe a mis en place un dispensaire en dur pour y dispenser les consultations médicales, les soins infirmiers, les soins de kinésithérapie et un soutien psychologique. Mais là encore, cela ne devrait être qu’une solution temporaire, l’Etat s’étant engagé à ouvrir un centre de santé.
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