Des années de recherche. On les appelle les RUTF (Ready to Use Therapeutic Food). Derrière ce sigle, sous des aspects de friandise, se trouve un condensé de nutriments et d'énergie pour des enfants dont la santé, sinon la vie, dépend de l'accès à ce produit.
Le plus célèbre des RUTF est aujourd'hui le Plumpy'nut ® ("noix dodue"), une pâte de lait au goût de beurre de cacahuètes, appelée «biskouit» au Darfour ou «biskit» au Niger. Un biscuit qui a demandé des années de recherche...
Un produit prêt à l'emploi. Tout l'enjeu était d'inventer un produit thérapeutique prêt à l'emploi. Car en ce qui concerne le contenu (valeur énergétique, composition des micronutriments), il n'y a pas grandes différences entre les RUTF comme le Plumpy Nut ® et le lait thérapeutique.
Ce dernier se présente sous forme de poudre qu'il faut reconstituer avec de l'eau potable, le dosage est précis et le lait ne se conserve que deux heures.
Dans les contextes d'intervention de Médecins Sans Frontières, ces contraintes imposaient d'hospitaliser les enfants pour leur donner le lait thérapeutique plusieurs fois par jour. Les mères devaient donc rester avec leur enfant au centre nutritionnel pendant environ un mois, alors que de nombreuses activités (s'occuper des autres enfants, préparer les repas, travailler aux champs, ect.) nécessitaient leur présence à domicile.
Une forte proportion d'enfants, jusqu'à plus d'un tiers, quittaient le centre nutritionnel avant d'avoir atteint le poids fixé. Les limites de cette stratégie de prise en charge étaient posées dès les années soixante mais il n'y avait alors pas d'autre option.
Le premier produit prêt à l'emploi. Le premier produit thérapeutique prêt à l'emploi fut un biscuit, le BP100 ®. Mais les enfants ont du mal à le manger et de fait, il faut le réduire en bouillie dans de l'eau pour qu'ils puissent l'avaler. Les problèmes de l'accès à l'eau potable et de l'utilisation d'un récipient restaient donc posés.
Pour un produit destiné à des populations dans des contextes notamment africains se cumulent les contraintes de transport (faible volume, résistant), de simplicité de préparation (ni cuisson, ni dilution) et d'utilisation (portion individuelle, prête à l'emploi), de goût et bien évidemment d'efficacité pour une prise de poids durable (conservation des nutriments).
Une idée de génie. La légende veut qu'André Briend, alors chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), ait soudain trouvé l'idée au petit-déjeuner, devant un pot de pâte à tartiner, en 1996. Après deux ans de recherche, la recette était enfin au point.
La formule du Plumpy Nut ® est simple en apparence : de la pâte d'arachide, de la poudre de lait, des matières grasses, du sucre et un concentré de vitamines et de minéraux.
Le goût sucré et la texture onctueuse de cette pâte nutritive plaisent aux enfants, une condition essentielle sachant que la malnutrition aiguë entraîne progressivement une diminution voire une perte de l'appétit. Il faut donner le maximum d'énergie dans un minimum de volume car les enfants ne peuvent pas manger en grandes quantités.
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MSF développe depuis plusieurs années de nouvelles stratégies de prise en charge de la malnutrition aiguë. En 2007, MSF a traité plus de 150 000 enfants dans 22 pays, dans ses programmes nutritionnels utilisant des RUTF, dont le Plumpy Nut ®.
Niger, août 2007 © MSF/ Virginie Amehame
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Un sachet de moins de 100 grammes de Plumpy Nut ® contient 500 kilocalories, soit déjà une grande proportion de ce dont l'enfant a besoin pour grossir. Les risques de contamination sont extrêmement limités puisque l'enfant avale directement la pâte depuis le sachet et même si l'emballage reste ouvert, la concentration en énergie et nutriments est telle que les bactéries ne peuvent pas y survivre.
Des essais concluants. Mis au point en 1998, le produit fut utilisé dans des centres nutritionnels de Médecins Sans Frontières en 1999. Après les premiers résultats attestant de l'efficacité du Plumpy'nut ® pour la récupération nutritionnelle, la seconde étape a consisté à vérifier si la prise en charge externe était possible.
Une étude d'Epicentre réalisée entre août 2002 et octobre 2003 a mis en évidence une forte diminution du taux d'abandon avec la prise en charge ambulatoire : 28,1% pour les enfants hospitalisés durant tout le traitement contre 5,6% pour ceux qui consommaient le produit à domicile.
Un traitement simpifié. La simplification du suivi médical se traduit par des taux de guérison supérieurs et permet de prendre en charge beaucoup plus d'enfants. A partir de 2003 s'est développée cette nouvelle stratégie de prise en charge de la malnutrition aiguë. Aujourd'hui, seuls les enfants qui ont besoin d'une surveillance médicale étroite sont hospitalisés. Tous les autres, soit la grande majorité, suivent le traitement nutritionnel à domicile.
La vraie révolution est là : des dizaines de milliers d'enfants peuvent maintenant être soignés avec un produit thérapeutique simple à utiliser.
Pour en savoir plus sur la malnutrition, les RUTF, ou le plumpy Nut ®, consultez notre dossier spécial :