Pérou : l'urgence de fournir des soins médicaux aux migrants du Venezuela

Une clinique mobile MSF dans la ville de Tumbes au Pérou. 2022.
Une clinique mobile MSF dans la ville de Tumbes au Pérou. 2022. © Davina Hayles/MSF

Plus de 800 000 migrants arrivent chaque année au Pérou depuis le Venezuela. Ils fuient les tensions politiques et les difficultés économiques exacerbées par la pandémie de Covid-19. Au cours de leur périlleux voyage, ils sont confrontés à plusieurs expériences traumatisantes, notamment la violence, les menaces, la discrimination et le travail forcé, ainsi qu'un accès très limité aux services de santé. Beaucoup finissent par dormir dans la rue pendant de longues périodes et vivent dans un vide juridique et administratif, en raison de leur statut irrégulier dans les pays d'accueil. MSF leur offre des soins de santé dans la ville de Tumbes, dans le nord du Pérou.

Ana* est originaire de Miranda, un État du centre-nord du Venezuela. Il y a deux ans, elle a décidé, à 40 ans, d'émigrer avec ses cinq enfants à la recherche d'une vie digne et plus sûre. Avec le peu d'argent dont elle disposait, le voyage n'a pas été facile. Arrivés à la frontière colombienne, ses enfants et elle ont dû marcher de longues heures pour rejoindre la capitale Bogotá. A partir de là, ils se sont rendus à Cali, où leur santé s'est détériorée, jusqu'à ce qu'ils parviennent à Tumbes. « C'est très dur à ce stade de devoir dormir dans la rue et de ne pas avoir de travail », a-t-elle confié aux équipes de MSF. Elle et sa famille font partie des plus de 800 000 migrants qui, selon les estimations des Nations unies, franchissent chaque année la frontière nord du pays andin.

Ces dernières années, les tensions politiques et les difficultés économiques, exacerbées par la pandémie de Covid-19, ont poussé plus de sept millions de personnes à fuir leur foyer au Venezuela, ce qui en fait l'une des plus grandes crises de déplacement au monde. Quatre-vingts pour cent de ces migrants trouvent refuge dans des pays d'Amérique latine, principalement en Colombie et au Pérou. La violence et l'anxiété aiguë, causée par l'incertitude et le manque de perspectives, marquent chaque étape de leur voyage.

« Les migrants sont confrontés à un certain nombre d'expériences traumatisantes, notamment la violence, les menaces, la discrimination et le travail forcé, sans accès adéquat aux services de santé », explique Milagritos, responsable médical de Médecins Sans Frontières à Tumbes, point stratégique du flux migratoire nord-sud et sud-nord, où plus de 250 personnes sont prises en charge chaque jour par MSF.

Vue d'une clinique mobile MSF dans la ville de Tumbes à Pérou. 2022.

 
 © Davina  Hayles/MSF
Vue d'une clinique mobile MSF dans la ville de Tumbes à Pérou. 2022.   © Davina Hayles/MSF

Ici, comme dans la région de Lima, les équipes de MSF fournissent des soins médicaux et psychosociaux aux migrants qui traversent la région frontalière. Leur situation déjà vulnérable est aggravée par la difficulté d'obtenir un statut régulier, ce qui entraîne une limitation importante de leurs droits et les expose à des problèmes de santé physique et mentale qui peuvent laisser des traces pour le reste de leur vie.

Juan*, 20 ans, qui a également quitté le Venezuela dans l'espoir de pouvoir soutenir financièrement ses parents, confirme que la traversée a été éprouvante : « Je suis sur la route depuis un mois et demi, avec de jeunes familles, des enfants et même des malades. Cela me fait mal de sentir la xénophobie qui existe à notre égard. Je voudrais avoir ce à quoi tous les jeunes aspirent, des études et une vie tranquille, pouvoir travailler et profiter de la vie avec mes amis et ma famille, ce n'est pas trop demander ».

À Tumbes, en collaboration avec les autorités de santé locales, MSF gère deux postes de soins de santé primaire qui offrent des services médicaux ainsi que des premiers soins psychologiques, et organise des activités de promotion de la santé. En 2022, MSF a effectué plus de 14 700 consultations médicales dans la ville, dont près de 20 % pour des enfants de moins de cinq ans. Les équipes MSF aident également à la vaccination contre la Covid-19.

« À ce point du parcours de migration, les maladies les plus récurrentes que nous rencontrons sont liées aux infections aiguës des voies respiratoires et de la peau, aux traumatismes, aux blessures accidentelles ou aux brûlures, et à la déshydratation, explique Milagritos. Nous avons également vu de nombreuses femmes enceintes qui ont besoin d'un contrôle des naissances parce qu'elles n'ont pas reçu de soins médicaux suffisants durant leur périple. »

*Les noms ont été modifiés pour préserver leur identité.

Notes

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