Neuf millions de personnes développent chaque année la tuberculose et
deux millions en meurent. Mais les outils de diagnostic, les
traitements et la stratégie prônée par l'Organisation mondiale de la
santé (DOTS, Directly Observed Treatment, Short-course) ne sont plus
adaptés à la réalité de la maladie aujourd'hui. Pour Médecins Sans
Frontières, ce manque de moyens efficaces et pertinents contraint nos
équipes médicales au bricolage.
"Les outils diagnostiques et les traitements sont obsolètes et
inefficaces", explique le docteur Brigitte Vasset, du département
médical de MSF. Le principal diagnostic de la tuberculose a été élaboré
il y a 123 ans. L'efficacité du seul vaccin existant est très
contestée. Les médicaments, pour un traitement d'une durée de 6 à 8
mois, ont été conçus il y a plus de 50 ans. Le mode de prise en charge
des malades, qui leur impose de se rendre tous les jours dans une
structure de soins pour recevoir leur traitement sous supervision
directe, est particulièrement lourd.
Cette contrainte entraîne des
abandons qui favorisent l'apparition de résistances. "Pourtant, notre
expérience dans le suivi des malades du sida nous a montré que les
patients peuvent prendre chez eux un traitement lourd et au long
cours", souligne Annick Hamel, responsable de la Campagne d'accès aux
médicaments essentiels de MSF. Une autre pratique est donc possible
pour les malades atteints de tuberculose.
Sida et tuberculose: une co-infection négligée
La pandémie de sida rend encore plus inadaptée la stratégie
d'endiguement de la tuberculose telle qu'elle a été conçue par l'OMS il
y a 10 ans. La tuberculose est en effet la première infection
opportuniste du sida et près de 12 millions de personnes sont
aujourd'hui co-infectées. Mais le diagnostic utilisé, qui ne détecte
que entre 45 et 60% de l'ensemble des malades, est encore moins
efficace pour les patients co-infectés dont une large majorité n'est
donc pas soignée.
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Co-infection sida et tuberculose
La tuberculose est en effet la première infection opportuniste du sida
et près de 12 millions de personnes sont aujourd'hui co-infectées. Une
large majorité n'est pas soignée.
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Simplifier les traitements
Médecins Sans Frontières, qui soigne plus de 2.600 patients tuberculeux
dans 16 projets, tente de palier ces différentes contraintes. "Nos
équipes essaient de dépister et traiter aussi les malades qui ne sont
pas positifs au test existant, par exemple les enfants ou les patients
co-infectés par le sida, note le Dr Brigitte Vasset. Dans la plupart de
nos projets, un protocole de traitement de six mois est mis en place,
utilisant des combinaisons à doses fixes (4 molécules dans un seul
comprimé) plus simples d'utilisation. Dans certains cas, nous proposons
aux malades de ne venir en consultation qu'une fois par mois et d'y
recevoir ses médicaments pour le mois suivant".
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Combinaisons à dose fixe
L'utilisation de combinaisons à dose fixe, qui réunissent plusieurs
molécules en un seul comprimé, permet de simplifier le traitement de la
tuberculose et favorise le bon suivi du traitement par les malades.
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Mais ces différents aménagements ne sont que des tentatives d'améliorer
la prise en charge des malades avec des outils qui restent obsolètes.
Il est urgent de relancer activement la recherche pour disposer de
nouveaux diagnostics, d'un vaccin plus efficace et de traitements plus
courts, simples d'utilisation et à un prix abordable pour les malades
des pays pauvres. Ces outils devraient être adaptés aux contextes dans
lesquels vit aujourd'hui la majorité des malades.