Prendre en charge la malnutrition

Depuis près de 30 ans, MSF apporte une aide nutritionnelle pour
répondre aux besoins urgents. L'expérience, ainsi que les progrès des
aliments thérapeutiques, ont permis d'affiner les stratégies de prise
en charge des personnes malnutries.

L'un des choix décisifs de Médecins Sans Frontières a été, dès 1979, de privilégier une approche médicale de la prise en charge dans les centres nutritionnnels thérapeutiques (CNT). La présence d'un médecin dans chacun de nos CNT explique sans doute que la mortalité y est relativement basse (7% en moyenne sur le premier semestre 2004 dans les CNT étudiés par Milton Tectonidis, spécialiste de la sécurité alimentaire à MSF).

"Cette prise en charge intensive est hautement efficace, mais a des limites, précise Milton. Outre son coût élevé, l'hospitalisation est très contraignante puisque les enfants doivent être accompagnés par leur mère qui pendant ce temps ne peut s'occuper du reste de la famille." Du coup, beaucoup d'enfants quittent le CNT avant d'avoir atteint l'objectif de poids défini par le personnel médical. Le taux d'abandons atteignait presque 10% au cours du premier semestre 2004.




Darfour, Soudan. Un enfant mange du plumpynut en sachet.
La mise au point d'aliments thérapeutiques solides comme le plumpynut, qui se conservent mieux, permet de prendre en charge, sans hospitalisation, un plus grand nombre d'enfants malnutris.
© Olivier Lecreurer

Les progrès réalisés dans le domaine des aliments thérapeutiques permettent aujourd'hui de tester de nouvelles solutions. "Au début, nous fabriquions nous-mêmes notre lait hautement énergétique, en y ajoutant du sucre et de l'huile, se souvient Milton. Puis, voici dix ans, sont arrivés les F75 et F100 (Formula 75 et Formula 100), des laits thérapeutiques déjà préparés. C'était un progrès, car ils étaient enrichis en vitamine et micronutriments, mais ces laits restaient périssables très vite après ouverture. Enfin, depuis cinq ans, on dispose d'aliments thérapeutiques solides qui se conservent plusieurs mois."

Des centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires
Ces aliments thérapeutiques solides prêts à l'emploi, comme le plumpynut (à base de pâte d'arachide, de lait écrémé, de sucre et d'un mélange de vitamines et de sels minéraux) ou les BP100 (biscuits comprimés), ont permis le développement de CNT ambulatoires. Cette nouvelle stratégie de prise en charge est notamment utilisée au Niger, dans la région de Maradi, et au Soudan, dans le Darfour. Les enfants viennent une à deux fois par semaine au centre, où ils bénéficient d'un suivi médical et reçoivent des sachets de plumpynut. Le suivi médical permet en outre de repérer les enfants les plus fragiles qui ont besoin d'être hospitalisés. "Les CNT ambulatoires permettent d'augmenter à moindre coût le nombre d'enfants traités, tout en permettant aux mères de continuer à s'occuper du reste de leur famille", souligne Milton.

Par ailleurs, parallèlement à la prise en charge de la malnutrition sévère dans ses centres nutritionnels, nous procédons de plus en plus souvent à ce que nous appelons dans notre jargon des blanket feeding. Cela consiste à distribuer à tous les enfants en dessous d'une certaine taille une ration alimentaire qui bénéficiera à toute leur famille. Au Darfour, ces distributions ciblées ont permis de combler en partie les insuffisances des distributions générales effectuées par le Programme alimentaire mondial, qui ne couvraient encore que 50% des besoins en juillet. Les blanket feeding servent aussi à détecter les enfants les plus malnutris pour les orienter vers nos CNT.











Notes

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