Promesses rompues : Sommet du G8 et accès aux médicaments

Les malades du sida dans les pays en développement sont privés des innovations thérapeutiques qui pourraient leur sauver la vie. MSF refuse la pratique courante des sociétés pharmaceutiques qui commercialisent en Afrique en Asie et en Amérique Latin
© MSF

Le G8 tient son sommet annuel à Sea Island, dans l'Etat de Géorgie aux Etats-Unis, à partir du 8 juin. Chaque année, les Etats-membres du G8 font des promesses sur le paludisme, la tuberculose, le sida et d'autres maladies qui frappent les malades des pays en développement. Mais les réalisations concrètes sont peu nombreuses.

A l'issue du sommet d'Okinawa au Japon en 2000, le G8 s'était fixé des objectifs ambitieux : réduire le nombre de jeunes atteints par le VIH/sida de 25% d'ici 2010 et de 50% le nombre de décès liés à la tuberculose et la prévalence de cette maladie d'ici 2010, et diminuer de 50 % les conséquences médicales du paludisme.

Les Etats membres précisaient, dans leurs déclarations, qu'ils "allaient appliquer un plan ambitieux concernant les maladies infectieuses, notamment le sida, le paludisme et la tuberculose". Pour cela, ils souhaitaient :

- Rendre les actions rentables qui existent déjà plus largement disponibles et abordables pour les pays en développement, en ce qui concerne les médicaments essentiels, les vaccins, les traitements et les mesures préventives -examiner le problème complexe de l'accès aux médicaments dans les pays en développement, en tenant compte des obstacles rencontrés par ces pays.
- Renforcer la coopération dans le domaine de la recherche et du développement de nouveaux médicaments, vaccins et autres initiatives concrètes en faveur de la santé publique à l'échelle mondiale.

C'était le temps de l'optimisme et des belles phrases qui, pour la plupart, n'ont été suivies d'aucun effet. Les promesses ne se sont concrétisées ni en financement ni en soutien à des programmes destinés à sauver des vies.

Les sommets suivants n'ont fait que diluer ces engagements et les volontés politiques semblent s'être affaiblies au lieu d'avoir été renforcées :

- Le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose manque cruellement de financements.
- Le manque de recherche et de développement en faveur des maladies négligées, comme la maladie du sommeil, le Kala azar, la maladie de Chagas, la tuberculose, le paludisme et le sida n'est pas à l'ordre du jour.
- L'action internationale pour faire diminuer le prix des médicaments de qualité et les rendre accessibles aux patients des pays en développement a été saboté par la détermination des gouvernements riches à protéger leurs industries pharmaceutiques.
- Les pays en développement ont été contraints par certains Etats membres du G8 de signer des accords commerciaux qui restreignent leur accès à des médicaments essentiels à un prix abordable.

L'année dernière, lors du sommet d'Evian en France, MSF avait interpellé les Etats membres du G8 pour qu'ils renouvellent leurs engagements. Depuis, rien ne s'est produit. Une action réellement significative impliquerait de :

- Financer largement la lutte contre les maladies infectieuses les plus meurtrières par le biais du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose et les autres mécanismes de financement, en s'assurant que les ressources soient dépensées judicieusement et de manière coordonnée afin de soigner le plus grand nombre de personnes possible avec des médicaments efficaces, abordables et simples d'utilisation.
- Augmenter la recherche et le développement (R&D) de nouveaux médicaments essentiels, de diagnostics et de vaccins pour les maladies négligées comme la maladie du sommeil, le Kala azar, la maladie de Chagas, le paludisme, la tuberculose et le sida, parallèlement à un soutien politique et financier en faveur de stratégies globales et innovantes assurant une R&D basée sur les besoins.
- S'assurer que les besoins de santé publique soient prioritaires sur les intérêts commerciaux dans les négociations de commerce international, incluant des accords commerciaux libres au niveau régional et bilatéral, de telle sorte que la propriété intellectuelle ne soit plus un frein à l'accès aux médicaments.
- Rendre abordables les médicaments essentiels déjà existants à ceux qui en ont besoin en soutenant un système de prix équitable basé sur la concurrence avec les génériques, et non basé sur la bonne volonté des intervenants pour augmenter l'accès aux médicaments. Car ces initiatives protègent davantage les intérêts de l'industrie pharmaceutique que les vies des malades des pays en développement.

Pour rappel, en 2003 :
- 3 millions de personnes sont mortes du sida et 5 millions ont été infectées par le virus;
- 2.5 à 3 millions de personnes sont mortes de la tuberculose et 8 millions sont tombées malades;
- Un demi-million de personnes sont mortes du paludisme et 300 à 500 millions ont été infectées cette maladie

Dossier spécial accès aux médicaments essentiels

Pour plus d'informations sur les difficultés concernant l'accès aux médicaments essentiels, consultez notre dossier spécial "Menace sur l'accès aux médicaments essentiels"

Notes

    À lire aussi