Otages d'un conflit dont ils ne maîtrisent pas les enjeux, les civils palestiniens sont, de fait et malgré eux, projetés au coeur de ce conflit, à la fois victimes et témoins " privilégiés " sans l'avoir choisi. Les familles palestiniennes auprès desquelles nous travaillons sont celles qui vivent à proximité des points de friction - près d'une colonie, d'une route réservée aux colons, d'une frontière, ou vivant dans un camp de réfugiés - et sont souvent seules, face à une guerre qui dure depuis si longtemps ; seules face aux souffrances qui en résultent et qu'elles n'arrivent plus à gérer ; seules, enfin, face à une société qui a tendance à les oublier. Il n'y a pas d'écoute, pas d'attention, pour ces familles qui vivent en première ligne ; peu de réponse - politique, sociale, économique et médicale - à leur détresse, à leurs souffrances.
Ces souffrances sont aussi psychologiques. Avoir le sentiment d'être pris au piège, vivre avec la peur au ventre et sans avenir... En plus des problèmes médicaux que nos équipes soignent, nos patients, hommes, femmes et enfants, souffrent de graves traumatismes, de dépression, leur anxiété s'entremêle aux problèmes économiques qu'ils rencontrent et aux tensions qui s'accumulent dans leur foyer.
Peter Orr, ancien responsable de terrain pour Médecins Sans Frontières à Gaza, fait le point sur cette situation, mais également sur le fonctionnement de nos programmes ; le cadre de nos interventions ; la portée, dans un tel contexte, du soin psychologique ; les conditions de travail des équipes ; son quotidien en tant que responsable de la sécurité d'autres personnes et les défis que doit relever Médecins Sans Frontières dans les Territoires palestiniens...