Bibwe est une ville de quelques milliers de personnes située approximativement à 135 kilomètres au nord-ouest de Goma, dans la province du Nord-Kivu en RDC. Bien que Bibwe ait déjà été le théâtre d’affrontements ethniques par le passé, la violence ethnique dans les régions voisines a causé, l’an dernier, l'afflux à Bibwe de 3 000 familles déplacées. Entre janvier et août 2013, la population de la région a ainsi presque doublé, passant de 8 000 à plus de 15 000 personnes.
Les équipes de MSF ont rapidement conduit une évaluation des besoins en santé mentale dans la région après avoir entendu les témoignages troublant de personnes nouvellement déplacées. Des résultats alarmants : « 90 % des personnes interrogées ont rapporté avoir été témoins d’actes de violence et 80 % avouent avoir été victimes de violence directe. Plusieurs d’entre eux ont également perdu des membres de leur famille, explique Isabel Rivera, psychologue pour MSF et responsable du programme de santé mentale. Les besoins en santé mentale à Bibwe sont importants et devraient être considérés comme un élément essentiel de la réponse humanitaire dans la région. »
Les conséquences de la violence sur le bien-être psychosocial sont importantes : cauchemars, flashbacks d'événements violents. « Le matin, j’ai vu des corps démembrés partout – j’étais incapable de dire quelle jambe appartenait à quelle tête, confie un homme de 38 ans qui a vu 30 personnes – dont ses quatre frères – battues à mort. Maintenant, ces images me reviennent sans cesse en mémoire, de jour comme de nuit. »
Répondre aux besoins humanitaires
Pour répondre aux besoins en santé mentale qui sont considérables dans la région de Bibwe, MSF a formé des conseillers pour travailler avec les victimes de violence. L’équipe organise des groupes de soutien et offre des séances individuelles, familiales ou de groupe.
Plusieurs autres éléments de la réponse humanitaire ont cruellement fait défaut dans les camps. Peu d'organisations humanitaires sont présentes à Bibwe. La plupart d'entre elles ne sont pas parvenues à accéder à la région pendant des mois en raison du mauvais état des routes, des glissements de terrain et des chutes de rochers provoqués par la saison des pluies. Plusieurs familles ont expliqué qu’elles manquaient toujours de nourriture, d’eau et d’ustensiles de cuisine. De plus, ces familles n’ont pas l’argent pour acheter les graines ou les outils qui leur permettraient de cultiver leur propre potager. Elles vivent dans des abris de fortune qui ne les protègent pas convenablement de la pluie.
« Les mauvaises conditions dans lesquelles vivent les gens les rendent encore plus vulnérables aux maladies et aux problèmes psychologiques comme le stress, explique Isabel Rivera. Bien que certaines régions du Nord-Kivu vivent en ce moment une accalmie relative, on ne peut pas oublier que plusieurs régions continuent d’être touchées par la violence et les déplacements et que les gens ont toujours besoin d’aide. »
MSF offre des soins de santé primaires au centre de santé de Bibwe et des soins de santé secondaires à l’hôpital général de Mweso. Dans la province du Nord-Kivu, MSF gère des programmes médicaux dans les régions de Goma, Walikale, Masisi et Rutshuru. Près de 3 000 employés nationaux et internationaux travaillent actuellement dans plus de 20 projets à Kinshasa, dans le Nord et le Sud-Kivu, au Katanga, dans le Maniema et en Province Orientale. MSF est présent en RDC depuis 1981.