"J’ai eu très peur, j’étais entre la vie et la mort"
Jean* est un patient du centre de
traitement du choléra de la Katuba, à Lubumbashi. Après cinq jours de
traitement, il va pouvoir quitter la salle de convalescence et retrouver les
siens. Jean a accepté de témoigner, mais a demandé à rester anonyme. Dans la
communauté, le choléra est une maladie honteuse…
Tout a commencé mercredi passé, vers 22 heures. J’ai senti des
bourdonnements au ventre et j’ai eu plusieurs fois des diarrhées très fortes.
Ma femme m’a dit que ça devait être les légumes que j’avais mangés. Ca m’a
tranquillisé.
Mais le lendemain matin, ça s’est agravé. J’ai pris des antibiotiques.
Sans effet. On s’est rendu compte que c’était grave, alors on a cherché un
moyen de transport pour m’amener au centre de traitement du choléra de MSF. J’étais
très abattu, inconscient même.
J’ai été pris en charge rapidement, on m’a mis en salle d’observation.
J’ai pris des liquides de réhydratation pendant une journée et j’ai commencé
à me réanimer lentement. J’allais mieux car je n’avais plus les oreilles et
la gorge bouchées. On m’a mis dans la tente des convalescents.
Le lendemain, vers 19 heures, j’ai fait une rechute. Alors on m’a donné
de nouveaux liquides de réhydratation: six la nuit, six le matin. Jusqu’à ce
que je me rétablisse encore. Je suis arrivé ce matin en salle de
convalescence. Maintenant, je suis en forme, je commence même à sentir
quelques petites quantités de forces arriver…
Dans le quartier de la Katuba, nous consommons l’eau du système public de
distribution, mais il y a souvent des ruptures. Ma femme va alors puiser de
l’eau dans des puits. Mais vous voyez, il y a un problème d’hygiène. Les
routes sont devenues des dépotoirs, pleines de saletés. Dans ma rue, vous ne
pouvez pas passer facilement en voiture. Ce n’est pas une route, c’est là où
on jette les déchets ménagers! Quand il pleut, l’eau emporte tous ces déchets
dans les puits. Autour des puits, vous voyez les gens attendre que la saleté
qui est à la surface coule, avant de puiser l’eau.
Aujourd’hui, je suis guéri. J’ai appelé ma femme et elle va m’apporter
des vêtements pour que je puisse sortir. J’ai eu très peur, j’étais entre la vie
et la mort. Vous ne pouvez pas savoir ce qu’est le choléra sans faire le
choléra. Cette maladie tue. Ma seule peur aujourd’hui, c’est de la contracter
encore.
* Ce prénom a été changé
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