RDC - Ituri, la violence continue

Enfant blessé par machette en Ituri
Enfant blessé par machette en Ituri © MSF, mars 2005

Le 22 juillet 2005, nous avons cessé toutes nos activités de secours dans la périphérie de Bunia, dans le district de l'Ituri, en République Démocratique du Congo (RDC). Cette aide touchait plus de 100.000 personnes déplacées, et le retrait de nos équipes laisse ces populations sans assistance. L'arrêt des activités est la conséquence de l'enlèvement de deux volontaires de MSF le 2 juin dernier. Libérés dix jours plus tard, ils ont été témoins directs des violences subies par les civils.

Dans le district de l'Ituri, à l'Est de la RDC, la violence exercée par les différents et nombreux acteurs armés s'impose principalement aux populations civiles. Les affrontements directs entre factions rivales ne sont pas les faits d'armes les plus courants, bien au contraire : pillages, meurtres, massacres, enlèvements, viols, tortures et humiliations des populations civiles sont des violences infligées par des hommes en armes de tous bords.

Une enquête sur les conséquences des violences subies par les ituriens
Dans le cadre d'une évaluation sanitaire réalisée par Epicentre (le centre de recherche en épidémiologie associé à Médecins Sans frontières), entre mars et avril 2005, plus d'un tiers des 795 familles interviewées a déclaré avoir subi au moins un événement violent entre le 18 décembre 2004 et le 27 mars 2005. Parmi elles, 65% évoquaient l'attaque de leur village, la fuite en brousse ou le pillage et la destruction de leurs biens alors que 35% ont subi des violences physiques directes : mutilations, blessures par balles, viols, torture, enlèvement et détention arbitraire. Cette violence ressort de manière constante dans les données médicales des centres de santé et des hôpitaux.

92% des familles rencontrées lors de l'enquête avaient eu au moins un membre de leur famille pris en otage. Les enlèvements lors de l'attaque des villages sont monnaie courante. Les personnes ainsi enlevées servent de porteurs pour le butin et les armes. Les femmes sont mises "au service" des troupes comme main d'oeuvre, cuisinières et esclaves sexuelles. En deux ans et demi, plus de 3.500 personnes victimes de violences sexuelles, âgées de 8 mois à 80 ans, ont été soignées dans les structures de Médecins Sans Frontières de la région de Bunia. 

 La précarité, conséquence indirecte des violences
Cette violence a aussi des effets indirects qui remettent directement en question la survie des populations civiles : déplacements contraints de population, dépouillement de tous leurs biens, impossibilité de cultiver ou de pêcher, fuite et séjours forcés en forêt dans des conditions de vie d'une précarité inimaginable. Une partie de ces populations a cherché refuge dans des zones de regroupement, souvent surpeuplées aux conditions de vie inacceptable, sans nourriture et victime d'épidémie (choléra, rougeole). 

 Les équipes MSF témoins et victimes de ces violences
Depuis le début de leur intervention dans la ville de Bunia en 2003, puis un an et demi plus tard dans les camps de déplacés des environs, nos équipes sont témoins de cette violence. Chaque jour elles éprouvent les difficultés à apporter une aide réelle et efficace à une partie significative de la population, qui vit dans des conditions extrêmement précaires.

Dans ce contexte, le travail des humanitaires a toujours été extrêmement difficile. Récemment, en juin 2005, deux de nos collaborateurs ont été enlevés et ont subi des violences physiques et psychologiques directes pendant 10 jours, avant d'être relâchés. Suite à cet enlèvement, nous n'avons pas eu d'autre choix que de retirer nos équipes de la périphérie de Bunia, laissant au moins 100.000 déplacés ainsi que les populations résidentes dans une grande précarité. Une fois de plus, ceux qui tentent de survivre en dehors de Bunia ville sont laissés pour compte dans une situation très précaire.

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Notes

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