Des affrontements entre des soldats des FARDC et des miliciens ont provoqué, depuis fin septembre, le déplacement d'une dizaine de milliers de personnes dans le district de l'Ituri qui se trouve dans la province Orientale, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
Des milliers de déplacés se cachent dans la forêt autour de la ville de Gety, dans le nord du district.
MSF a organisé des cliniques itinérantes sur cinq sites et les patients les plus sévèrement atteints sont référés sur les hôpitaux de Gety et de Bunia, le chef lieu du district.
A Sona, au bord du Lac Albert, MSF donne des consultations sous une grande tente installée dans un camp de déplacés d'environ 5 000 personnes.
Ces personnes, arrivées là par vagues successives depuis début octobre, ont fui les affrontements «milices contre armée».
Dans un des sites, Jacqueline, une infirmière de l'équipe MSF, reçoit les femmes. « Beaucoup d'entre elles attendent des bébés, explique Jacqueline, mais quelques-unes viennent pour des problèmes graves, des viols par exemple. » C'est le cas, ce matin-là, d'une très jeune fille qui est seule, abattue.
Attaque de la ville de Dungu. Plus au nord dans le district du Haut-Uélé, la ville de Dungu qui comptait environ 50 000 habitants a été attaquée par la LRA, le 1er novembre dernier. Toutes les organisations humanitaires présentes, dont MSF, avaient décidé d'évacuer la ville. La confusion était telle qu'elle rendait illusoire toute garantie de sécurité tant pour les populations que pour les travailleurs humanitaires. Trois jours après l'attaque, quand l'équipe MSF est revenue à Dungu, la ville était quasiment vide.
Depuis la mi-novembre, des équipes médicales itinérantes rayonnent dans les environs de Dungu et référent les cas les plus graves sur l'hôpital de Dungu. De nombreuses familles se déplacent en fonction des attaques dans cette zone.
Témoignage. D., marié et père de dix enfants, a déjà subi quatre pillages dans son village de Bayote. Le 17 octobre dernier, les attaquants l'ont laissé s'enfuir, nu, après lui avoir pris jusqu'à son dernier habit.
« Une fois dans la rue, dit-il, j'ai réalisé que les deux soldats restés dehors tenait chacun en laisse un groupe de jeunes attachés par une longue corde. Celle-ci était nouée à la cheville et à la taille de chacun des adolescents, les empêchant de s'écarter les uns des autres. Chacun de ces jeunes portait une charge sur sa tête, le butin du pillage. »
D. et sa famille se sont réfugiés dans un autre village pour finalement fuir de nouveau par peur d'une nouvelle attaque.