RDC : MSF appelle à une mobilisation urgente contre le paludisme en Province Orientale

MSF appelle à une mobilisation urgente de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le paludisme en RDC.
MSF appelle à une mobilisation urgente de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le paludisme en RDC. © Guillaume Brumagne/MSF

En République démocratique du Congo (RDC), à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, Médecins Sans Frontières s’alarme de la situation des personnes vivant en Province Orientale frappées par de récurrentes flambées palustres et appelle à des actions immédiates. MSF déplore le manque de réponse effective des autorités congolaises et des acteurs de l’aide.

A la veille de la saison des pluies en RDC, la population fait une nouvelle fois face à l’augmentation significative du nombre de cas de paludisme dans les zones reculées en Province Orientale. Selon le Dr. Narcisse Wega, coordinateur d’urgence pour MSF, la situation est critique : « juste avant la recrudescence saisonnière du paludisme, de trop nombreux centres de santé ne peuvent pas compter sur un approvisionnement suffisant pour se confronter à une nouvelle flambée et cela n’est pas acceptable. Le paludisme est aujourd’hui l'une des principales causes de mortalité en RDC et notamment en Province Orientale. Nous sommes d’autant plus inquiets qu’à cette flambée de paludisme s’ajoute, dans les mêmes zones, une épidémie de rougeole. Les enfants de moins de 5 ans sont les premières victimes. »

L’année dernière, MSF s’est mobilisée en urgence pour tenter de faire face à une flambée importante de cas graves de paludisme dans les districts situés au nord de Kisangani. Pour les seules zones de Ganga-Dingila, Buta et Aketi, près de 60 000 personnes ont alors été prises en charge en ambulatoire et plus de 3 500 patients ont du être hospitalisés. En 2012, MSF a réalisé deux enquêtes de mortalité successives et a mis en évidence des taux de mortalité extrêmement élevés pour les enfants de moins de cinq ans. A Pawa, le taux de mortalité a été jusqu’à trois fois supérieur au seuil d’urgence. Dans cette région en particulier, plus d’un enfant sur 10 est décédé du paludisme en 2012, faute de soins. Cette situation est loin d’être isolée. Le paludisme a aussi progressé dans des zones du Maniema, en Equateur et au Katanga.

Lors de ses interventions en 2012, nos équipes ont constaté une faible réponse en raison des carences du système de santé. Aujourd’hui, de nombreuses structures sont déjà en rupture de médicaments ; les moustiquaires n’ont pas été acheminées dans les zones vulnérables ; les tests rapides utilisés pour détecter la maladie, tout comme les médicaments nécessaires pour la soigner, sont encore absents ainsi que les intrants indispensables pour faire les transfusions sanguines vitales aux enfants anémiés à cause du paludisme. Ces intrants ne sont toujours pas aujourd’hui dans la liste des approvisionnements prévus par les bailleurs de fonds. Le manque d’accès à un traitement efficace proposé par les centres de santé a conduit à une forte sous-estimation des cas dans la communauté.
Enfin, l’accès aux services sanitaires est toujours très limité en RDC où le coût du service est souvent prohibitif pour les populations locales.

MSF appelle à une mobilisation urgente de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le paludisme en RDC. Pour assurer une prise en charge médicale des patients, il est essentiel que les traitements adéquats et les tests rapides soient disponibles au plus vite dans les zones isolées de la Province Orientale. De même, les activités de préventions telles que les distributions de moustiquaires doivent démarrer immédiatement, avant l’arrivée du pic saisonnier du paludisme. A défaut, MSF redoute des conséquences dramatiques pour la population. 


MSF intervient depuis 1981 en RDC. En 2012, MSF a traité plus de 500 000  personnes atteintes du paludisme à travers le pays. Parmi eux, de nombreux enfants de moins de cinq ans.

Notes

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