Lois, 37 ans, aide-soignante, travaille avec MSF depuis 2009 : « Le jour de l’attaque a été terrible, le pire de ma vie. J’étais encore à la maison, je me préparais à aller travailler, j’ai vu des voitures arriver et, plus tard, j’ai entendu des coups de feu. Maintenant, chaque fois que j’entends des bruits forts et proches, j’ai peur et je veux m’enfuir. Ces derniers mois, je me suis enfuie à plusieurs reprises parce que des rumeurs disaient qu’un groupe armé arrivait. Il m’est aussi arrivé de fuir avec mes collègues de travail, pendant plusieurs heures. C'est très difficile de travailler dans ces conditions, mais la population a vraiment besoin de soins et MSF est la seule à en offrir. Nous recevons beaucoup de patients ici, beaucoup d’entre eux sont des enfants. S’il n’y avait pas de soins médicaux, s’il n’y avait pas MSF à Boguila, nos enfants tomberaient comme des feuilles mortes ».
Gladice, 35 ans, assistante sage-femme, travaille avec MSF depuis 2006 : « J’habite près de l’hôpital. Au moment de l’attaque, J'étais en pause à la maison. J’ai entendu des coups de feu, de plus en plus forts et intenses. J’avais si peur, j’ai cru que j’allais mourir. Nous sommes restés allongés sur le sol pendant 45 minutes, jusqu’à ce que le silence revienne, puis nous sommes sortis pour aller voir ce qui s’était passé. Sur le trajet, un collègue nous a annoncé le décès d’un autre collègue et nous a demandé d’aller prendre soin des blessés. Nous avons transporté trois personnes encore en vie au service d’hospitalisation. Je continue de travailler pour MSF afin d’aider mes compatriotes qui ont désespérément besoin de soins ».
Ghislain-Serge, 37 ans, technicien de laboratoire, travaille avec MSF depuis 2006 : « L’un de ceux qui ont été tués était mon ami. Je suis resté deux jours à Boguila, pour réorganiser le laboratoire, puis je suis retourné à Bangui, la capitale. Ma famille est là-bas. Le jour de mon arrivée, alors que je me dirigeais vers ma maison, un homme a été abattu en pleine rue, tout près de moi. C’était comme ce que j’avais vécu à Boguila. La violence est partout. J’ai réfléchi aux risques et je me suis demandé si je voulais continuer à les prendre ? J’en suis venu à la conclusion que dans mon pays tout le monde vit avec le danger. Je connais des gens qui sont morts au cours d’affrontements et d’autres à cause de maladies, faute de médicaments et de soins. Je veux continuer à travailler avec MSF, aider les gens de mon pays qui, sans nous, n’auraient pas accès aux soins ».
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